Privé de voyage, un photographe rouennais envoie 30 appareils à de parfaits inconnus au Japon

Epidémie mondiale et confinement obligent, le photographe rouennais Jonathan Bertin a dû se réinventer pour capturer l'autre partie du globe. Lui est venu un flash, mais pas celui de son objet préféré, envoyer trente appareils photo à des inconnus... au Japon. Et voici le résultat. 

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C'est l'histoire d'un projet ambitieux, "l'un des projets de ma vie" comme le dit si bien Jonathan Bertin. Il rêvait depuis des années d'aller au Japon, ses billets d'avion étaient pris pour la fin de l'année 2020. Une fois n'est pas coutume, ce projet est avorté à cause de la pandémie. Le photographe de 25 ans se retrouve coupé du monde, sans source d'inspiration possible, il est bloqué dans sa Normandie natale. 

J'ai la chance de faire un métier créatif. Je suis très heureux de passer mes dimanches à faire des photos dans les différents marchés de Rouen. Mais il me fallait un nouveau challenge. Je tenais au Japon.

Jonathan Bertin, photographe

Une situation déconcertante quand on a l'habitude de sillonner le monde entier pour réaliser ses clichés, mais Jonathan a su rebondir. En décembre dernier, il envoie trente appareils réutilisables (par respect de l'environnement bien entendu) à des adresses aléatoires à Tokyo, capitale du Japon. Aucun nom sur les colis, un petit mot pour présenter la démarche et l'aventure My 2020 travel project, entendez par-là "Mon projet de voyage 2020" est lancée.  

Il lui restait une seule chose à faire : attendre. 

"Je voulais voyager et faire voyager mes abonnés" 

Ce projet, le jeune artiste ne l'a pas réalisé seul. Il a été accompagné par la filière Flying Blue d'Air-France-KLM. Une initiative "folle" selon ses mots, un besoin de s'émanciper de son Rouen à travers le regard des autres, dans un pays différent. 

Ces photos me touchent et confirment mon amour pour ce métier. Jamais je n'aurais pris certains de ces clichés en allant sur place. C'est là tout le paradoxe de cette série.

Jonathan Bertin, photographe

Car oui, vous êtes peut-être surpris, mais certains appareils sont bien de retour dans son petit appartement rouennais. Le premier arrive fin février. Trois autres suivent dans la foulée, un cinquième est encore sur la route. Photos entre les mains, Jonathan est fasciné. "Il y a un côté mystérieux qui m'anime. Que font ces personnes dans le cadre ? Qui sont les photographes ? Je me prends une claque quand elles sont développées." Et il y a de quoi. Regardez le résulat. 

L'émotion est grande dans le regard clair et si précis du photographe, surtout quand il vient à parler de sa communauté, grande elle aussi. 

Tout ça part d'un sentiment de frustration, de ne pas pouvoir bouger comme bon nous semble. Mais la photo n'a pas de frontières contrairement à nous. Je voulais voyager et faire voyager mes abonnés. Je pense que c'est chose faite.

Jonathan Bertin, photographe

L'originaire d'Honfleur (Calvados) est suivi par plus de 150 000 personnes sur ses réseaux sociaux. Ces dernières ont pu profiter d'une mise en scène millimétrée, réalisée par Florent Hill, pour découvrir ce beau projet d'évasion par l'image. 

Et les retours sont beaux, touchants parfois. A tel point que des membres de sa communauté lui partagent leurs découvertes lors de précédents voyages en terre nipponne. 

L'échange est là, un accomplissement de nombreuses années de travail pour Jonathan. 

Une passion de longue date 

Au-delà de ce projet, ce professionnel de la photo n'a pas forcément baigné dans l'image. Ce sont quelques expériences, anecdotiques en apparence, qui lui donnent envie de toucher à l'appareil. Nostalgie quand tu nous tiens. 

Quand j'étais petit, je bougeais beaucoup avec mes parents. On louait un camping-car pendant les vacances. On sillonnait les routes, on découvrait de nouveaux paysages, de nouvelles personnes tous les jours. Je me suis dit que plus tard, je voudrais immortaliser ces moments.

Jonathan Bertin, photographe

C'est ainsi une envie d'aller vers les autres, de transmettre une émotion, de poser son regard sur le monde qui nous entoure qui le pousse à exercer ce métier.

Soulignant chaque détail, il se dit "spectateur de chaque scène de vie". Maxime, son ami et colocataire nous raconte. 

Il y a huit ans, on était en BTS photographie ensemble. C'était le seul à se mettre sur les réseaux sociaux et à tout partager sans exception. On ne comprenait pas forcément pourquoi, maintenant c'est plus clair. Il a toujours été précurseur, il me surprend encore.

Maxime, photographe et colocataire de Jonathan

La plus grande fierté de Jonathan aujourd'hui, est d'être indépendant. Il sait qu'un regard ou une lumière peuvent changer sa photo, il sait qu'un projet peut changer sa vie. Et ça tombe bien, il en a plein en tête. Sourire au coin des lèvres, il nous promet que "de belles choses arrivent dans les prochains mois" et qu'il sera "ravi de les partager". Attendons-les avec impatience, comme il peut encore attendre de nouveaux appareils en provenance du Japon. 

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