"L'immeuble de la honte" est vide. Ce lundi 23 septembre 2019, au petit matin, ses derniers occupants ont été évacués. Des familles sans papiers, qui ont été prises en charge par des associations dans un local communal. Une solution provisoire. Les accès à l'immeuble sont désormais neutralisés.
Ce sont ses habitants eux-mêmes qui l'ont surnommé "la barre de la honte". La démolition de l'immeuble Sorano, à Saint-Etienne-du-Rouvray (76) a été déclarée d'utilité publique en février dernier. L'état catastrophique des lieux constituant en effet un danger grave pour la sécurité des occupants. Les risques sanitaires et les risques d'incendie étaient trop grands.
Dès 2016, nous nous étions rendus sur place et nous avions constaté l'ampleur de la catastrophe :
Depuis, la destruction de l'immeuble Sorano a été actée par les services de l'Etat. En juin 2018, la préfète de Seine-Maritime annonçait qu'elle serait réalisée en 2023.
Le mois dernier, la mairie a pris un arrêté d'évacuation pour danger grave et imminent. Les derniers propriétaires, locataires et occupants se sont donc vus contraints de partir.
Au total, 80 familles auraient été relogées selon la mairie.Dans un communiqué publié ce lundi 23 septembre 2019, la préfecture explique : "Les résidents de cet immeuble étant dans des situations très différentes, des solutions au cas par cas ont été apportées sous la responsabilité du maire et avec l'appui de l'Etat."
Ce lundi 23 septembre 2019 au petit matin, 120 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour expulser deux familles sans-papiers. Les dernières. Soit 8 personnes au total selon les forces de l'ordre (adultes et enfants).
Soutenues par des associations comme Droit Au Logement ou Réseau Education Sans Frontières, présentes ce matin, ces familles sont accueillies provisoirement dans l'ancien centre de tri postal de la ville. Ensemble, elles ont tenté de trouver des solutions pour les mettre à l'abri. Ce local communal représente une solution d'accueil provisoire et les associations en appellent aux institutions :
Quant à l'immeuble Sorano, il est désormais vide et ses accès ont été neutralisés avec la mise en place d'un dispositif de sécurité.Les familles qui sont sans papiers ne sont pas relogées et vont se retrouver à la rue avec leurs enfants . Pour certaines on peut craindre qu'elles soient envoyées au Centre de rétention. La plupart des enfants sont scolarisés à St Etienne du Rouvray. Où iront-ils à l'école lundi, mardi ? Tous doivent pouvoir continuer à aller en classe dans leur école. Nous refusons que des enfants dorment dans la rue. Nous demandons instamment aux institutions (l’état, le département, la ville.. ) de trouver de toute urgence une solution pour que ces familles soient relogées et que les enfants puissent retourner à l'école. Communiqué de RESF Rouen.
Le reportage de Raphaël Deh et Emmanuelle Partouche (montage : Stéphanie Letournel) :