Les secrets des coulisses de l'Opéra de Rouen avec Le Barbier de Séville

Un opéra, "comment ça marche" ? Réponse grandeur nature dans les coulisses du Barbier de Séville, juste avant sa présentation au public à l'Opéra de Rouen. Un visite qui vaut le détour avec les artistes et les techniciens en plein travail.

Il n'en faut rien connaître pour aimer l'opéra (...) L'opera c'est pas intellectuel pour deux sous. C'est des bons sentiments, des mauvais sentiments, ça dure longtemps. Pour mourir, on n'en finit pas. C'est un peu vulgaire par certains côtés. C'est vraiment pas un truc de spécialistes.
Loïc Lachenal, directeur de l'opéra de Rouen


S'il n'est pas besoin d'être spécialiste pour apprécier un opéra, il n'en va pas de même pour le créer. Sur scène comme en coulisses, chacun doit faire preuve d'une haute technicité car rien ne doit être laissé au hasard si l'on veut que le spectateur soit comblé.
Pour un opéra comme le Barbier de Séville, donné à Rouen cet automne, il ne faut pas moins de 300 mètres cubes de décors, soit l'équivalent de 3 gros semi remorques ! Et dans tout ce chargement, chaque petite chose est important, du fond de décor à la colle qui permettra de fixer une fausse barbe sur un artiste ou au plus petit verre qui aura son rôle entre les mains d'un chanteur au moment crucial de l'intrigue...
Mais comment ce puzzle s'articule-t-il ? En voici un aperçu avec une visite orchestrée par Vincent Chatelain dans les coulisses de l'Opéra de Rouen...
 

► Dans les coulisses du Barbier de Séville à l'Opéra de Rouen
     avec Vincent Chatelain, pour Vachement normand !

Visite guidée dans les coulisses de l'Opéra de Rouen pour découvrir le travail des artistes, musiciens de l'orchestre, techniciens, maquilleuses qui oeuvre pour les représentations du Barbier de Séville, donné en spectacle cet automne 2019 ©France 3 Normandie


Il faut quatre jours pour tout sortir du camion et installer ce qui sera mis en scène : trois jours pour monter les deux décors et un quatrième pour régler la lumière.

Dans les cintres (ou le cintre), hors de la vue du public, au dessus du cadre de scène, il faut accrocher les décors, suspendre les lumières et vérifier la machinerie. Ici c'est le royaume passerelles et des ponts volants, des fils (on ne parle pas de corde dans un théâtre, cela pourrait porter malheur), des moufles (sur un bateau on parlerait de poulie, mais au théâtre là encore, cela porte malheur), des tambours (sorte de treuil) où exerce le cintrier. Dans une mécanique totalement insonorisée les éléments du décor doivent pouvoir monter et descendre dans un silence absolu. "Monter" et "descendre" ? pas tout à fait, ici, on ne dit pas "monter" mais "appuyer" et "charger" au lieu de "descendre"...

 Schéma du théâtre et son organisationimage Pradana Aumars cco wikimedia commons


On travaille au dessus de la scène (que l'on appelle aussi "plateau"), mais aussi sous la surface du plancher. On parle alors du "dessous" d'où certains personnages peuvent surgir... On peut compter plusieurs dessous : le premier, le deuxième et le troisième. C'est de là d'ailleurs que vient l'expression "être dans le trente sixième dessous", issue elle-même de l'expression "être dans le 3ème desous" utilisée au 19ème siècle pour dire qu'une pièce n'avait pas marché.
 

Notre métier c'est de faire du vrai faux ou du faux vrai pour que ca apparaisse comme la réalité, du réalisme, or c'est complètement du Toc, c'est ça l'idée. 
Jean-Yves Barralon, directeur technique


Et dans ce décor, comment fait-on pour indiquer leurs déplacements aux acteurs puisqu'ils peuvent bouger à droite ou à gauche, avancer ou reculer et chacun en même temps ? Quel vocabulaire utiliser ? Pas de repère ni de boussole sur la scène mais cependant des points cardinaux qui s'imposent à tous et partout : l'avant scène est la partie la plus proche des spectateurs, la plus au fond s'appelle le "lointain", lorsque vous êtes assis parmi les spectateurs sur la gauche du plateau se trouve le "jardin" et sur la droite la "cour".
Et le moyen mnémotechnique pour se souvenir où sont le jardin et la cour est de penser au initiales JC du nom "Jésus-Christ" : le "J" est à gauche et le "C" à droite. 
 

 

L'opéra c'est avant tout un spectacle avec des chanteurs et des musiciens


Après le montage des décors et les réglages lumière l'après-midi du quatrième jour, on attaque les premières mises en scène au piano, puis viendront la musiciens qui vont prendre place dans la fosse d'orchestre.
Pour ce Barbier de Séville, il y a 45 personnes dans l'orchestre, 20 dans le choeur et une dizaine de solistes. Curieuses conditions de travail pour les musiciens que d'être serrés dans la fosse : ils jouent pour les solistes et le choeur, situés juste au-dessus de leurs têtes, et pourtant ils ne les entendent pas clairement et ne les voient jamais. Sourds et aveugles les musiciens lyriques ? Non, le lien se fait par le maître à bord : le chef d'orchestre. Lui seul voit le jeu des chanteurs, mais il guide les musiciens par gestes : de sa main droite il marque le tempo et de sa main gauche, il donne des indications d'intensité, de volume ou donne des départs.
Franck Paque, trompetiste et Lucas Dietsch, clarinettiste, en parlent très bien avec Vincent Chatelain : 
 
Musiciens dans un orchestre d'opéra ou dans un orchestre lyrique sont deux façons de jouer bien différentes. Franck Paque, trompetiste et Lucas Dietsch, clarinettiste nous expliquent pourquoi. ©France 3 Normandie
 

Du détail à l'outrance du maquillage d'opéra

L'apparat de l'opéra, on le trouve aussi au plus près des chanteurs. Il leur colle même à la peau. Pour ce Barbier de Séville certains solistes consacrent plusieurs heures avant et après chaque représentation pour faire et défaire leur maquillage. Neuf maquilleuses y travaillent.
Non seulement elles maquillent mais se chargent aussi de l'entretien et la coiffure des perruques. Il leur faut aussi savoir poser des prothèses qui accentuent le caractère des chanteurs à outrance. Tous les spectateurs, y compris ceux du paradis (le balcon le plus haut dans le théâtre) doivent pouvoir discerner les traits des visages de chaque soliste. La préparation est très minutieuse, chaque prothèse, sourcils, front, bas joues doit être collée sans gêner les mouvements du visage inhérents aux solistes, mais sans risque de décollage en pleine représentation !
Les moulages sont faits en série car les prothèses sont à usage unique. Explications avec Agnès Blin, chef maquilleuse :
 
Les secrets du maquillage des chanteurs d'opéra pour Le barbier de Séville à l'opéra de Rouen ©France 3 Normandie

D'autres secrets des coulisses de l'opéra nous sont dévoilés dans ce Vachement normand ! dans les coulisses du Barbier de Séville. Accessoiriste, accordeur, régisseur de production... découvrez ces métiers passionnants. Vous pourrez ensuite revoir la représentation avec un oeil averti, installez-vous, agrandissez le player et... Bon spectacle !  

 

 ► Dans les coulisses du Barbier de Séville
     un Vachement normand ! à voir
     sur France 3 Normandie
     dimanche 8 décembre à 12h55


 
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