Pierre a fait don de sa moelle osseuse. Un parcours de patience et de persévérance qu'il nous partage à l'occasion de la journée mondiale du don de moelle osseuse.
Une chance sur 1 million d'être compatible. Il y a deux ans, Pierre n’aurait jamais imaginé qu’une simple navigation sur les réseaux sociaux le mènerait à réaliser un acte qui peut sauver des vies. "J'étais sur Twitter, je suis tombé sur le post d'une mère dont la fille était malade. Elle appelait à s'inscrire pour le don de moelle osseuse. Cela m’a poussé à aller sur le site de l'EFS (Établissement Français du Sang), pour découvrir les démarches à suivre."
Un mois plus tard, une grande nouvelle allait accélérer sa décision. "J'ai appris que j'allais être papa. Je me suis senti d'autant plus impliqué et concerné par le sujet."
Après s'être inscrit en ligne début 2022, il envoie un échantillon salivaire pour intégrer le registre national des donneurs de moelle osseuse. Et puis, un an et demi plus tard, le 25 novembre 2023, une date qu'il n'oubliera pas — c’était l'anniversaire de sa mère — il reçoit un appel : il est compatible.
"On m'a dit que j'étais compatible, mais il fallait faire des tests supplémentaires pour être sûr à 100 %. Il y avait d'autres donneurs potentiels, mais il fallait trouver celui qui était 10 sur 10 en compatibilité."
Un parcours d'espoir et de patience
S'engage alors une série de démarches médicales. "Quelques semaines plus tard, on m’a dit que je devrais faire le don début février. On a planifié un calendrier avec des prélèvements, des questionnaires. Nous avons aussi dû prendre un rendez-vous au tribunal pour pouvoir signer un consentement. Pour dire que nous sommes bien conscients des risques et aussi parce que c'est un don d'organe donc nous devons pouvoir l'enregistrer quelque part."
Malheureusement, son don initialement prévu est reporté à cause de l'état de santé du receveur. "J'étais presque déçu parce que j'étais content de faire partie de ce processus. Ce qu'il faut savoir, c'est que quand on le fait, il y a une chance sur un million, si je ne me trompe pas, que nous soyons compatibles."
"J'ai dû attendre de février à juillet. Pendant tout ce temps, je me disais que la personne était peut-être décédée. C'était stressant."
Pierre
Le doute plane, mais Pierre garde espoir.
En juin, tout est relancé. "On m'a recontacté pour tout recommencer, les mêmes rendez-vous, les mêmes tests. Puis, encore une fois, le don a été annulé." Les vacances d'été compliquent les choses, mais Pierre reste déterminé : "Ils m'ont dit qu'ils avaient peur que je sois moins motivé. Je leur ai répondu qu'ils pouvaient me rappeler 4, 5 ou même 6 fois, je reviendrai !"
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"90 % des dons se font par le sang"
Le 31 juillet 2024, Pierre réalise enfin son don. "C'était dans le bras, comme une prise de sang. Je suis resté allongé pendant plusieurs heures. Une infirmière s'est occupée de moi durant 4 heures. C'était impressionnant, mais en même temps, je me sentais bien."
Contrairement à ce que beaucoup imaginent, le prélèvement de moelle osseuse se fait majoritairement par voie sanguine, et non dans la colonne vertébrale. "90 % des dons se font par le sang, et ça ne fait pas mal." Pierre a passé plusieurs jours chez lui pour se remettre, mais l'expérience, bien que fatigante, est restée positive.
"J'ai passé cinq jours à la maison, j'étais en arrêt maladie pendant dix jours, parce que, inévitablement, c'est épuisant, c'est quelque chose d'assez contraignant. J’ai eu la chance d'avoir un employeur compréhensif, ce qui a facilité les choses."
Pierre garde un souvenir ému de cette expérience : "Je me suis mis à la place de la personne qui attendait ce don. C'était peut-être sa dernière chance."
C'est comme gagner au loto quand on apprend qu'on est compatible. Pour moi, il n’y avait aucune hésitation.
Pierre
Aujourd'hui, il n'a pas de nouvelles directes sur l'issue du don. "J"n'ai presque pas envie de savoir si ça ne fonctionne pas parce que je ne voudrais pas être malheureux après ça. Ce qui m'importait, c'était de faire ma part, sans attendre quoi que ce soit en retour."
"Il y a éventuellement des échanges de lettres qui sont possibles, mais ils sont totalement anonymes. Et ils sont vérifiés avant d'être envoyés parce qu'il ne faut pas qu'il y ait d'éléments qui permettent de savoir qui je suis."
Il est fier de son geste et encourage vivement les autres à suivre son exemple. "C'est facile, vraiment, et si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. J'en parle autour de moi, j'incite les gens à s'inscrire."
Ce parcours de patience et de persévérance démontre l’importance du don de moelle osseuse, un geste rare, mais essentiel qui peut sauver des vies.