Trois hommes comparaissaient devant le tribunal de Rouen après avoir distribué des tracts néonazis en mai et septembre 2023 à La Neuville-Chant-d’Oisel (Seine-Maritime) et à Gurs (Pyrénées-Atlantiques). Le meneur du groupe ne regrette pas son geste. Entre 10 et 18 mois de prison ont été requis. Le tribunal rendra sa décision le mardi 5 décembre.
Au mois de mai 2023, les habitants de la petite commune de La Neuville-Chant-d’Oisel (Seine-Maritime) découvraient dans leurs boîtes aux lettres des tracts ouvertement néonazis. "On est un village tranquille, c'est l'horreur qu'à notre époque on en soit encore là, c'est dramatique", avait alors réagi une des habitantes destinataires du courrier.
Trois hommes âgés de 22, 23 et 25 ans comparaissent devant le tribunal de Rouen après le renvoi de la décision des juges. Ils doivent répondre des faits "d'apologie de crime ou délit, de provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion et de provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre."
Plusieurs communautés ciblées
Lors d'une nuit du week-end de l'Ascension, les trois jeunes adultes ont déposé des dizaines de tracts en périphérie de Rouen. Sur ces affichettes figurent l'insigne nazi avec un aigle et une croix gammée inscrite à plusieurs reprises. Les personnes de confession juive, d'originaire étrangère ou appartenant à la communauté LGBT sont prises pour cible.
Devant le tribunal, deux des prévenus reconnaissent "une connerie". L'un d'entre eux estime s'être fait influencer par le troisième. Le meneur reconnaît sans difficulté l'idéologie qui l'anime : "j'ai voulu passer de mes idées à l'action. J'ai essayé, j'ai échoué". Sans éprouver aucune forme de regret, il ajoute : "mes idées sont interdites, la République Française est antiraciste [...], nous n'avons pas les mêmes idées."
Le procureur a requis contre lui 18 mois d'emprisonnement avec un sursis probatoire de deux années, ainsi que 3 000 euros d'amende.
Les deux autres risquent respectivement dix mois de prison avec sursis ainsi que 2 000 euros d'amende et un an de prison avec sursis et 3 000 euros d'amende. La décision sera rendue mardi 5 décembre prochain à 13h30.
Ils avaient de nouveau sévi dans le sud-ouest de la France
En septembre dernier, les enquêteurs ont identifié les auteurs présumés des tracts après qu'ils ont de nouveau distribué ces documents à Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques. "L’enquête a permis d’établir le déplacement de l’un d’eux ces derniers jours dans la région de Pau", avait précisé le procureur de Rouen il y a quelques semaines.
Plusieurs victimes ont porté plainte ainsi que les associations SOS Homophobie, SOS Racisme, le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples) tout comme les municipalités de La Neuville-Chant-d’Oisel et Gurs.
Lors de perquisitions, le procureur de Rouen a indiqué que des tracts identiques à ceux distribués en mai avaient été retrouvés. Un brassard et un drapeau nazi avaient également été saisis.
Pour les faits reprochés, les prévenus encouraient jusqu'à un an d'emprisonnement et 45 000€ d'amende.