Trafic de drogues à Canteleu : Montacer Meziani, celui que l'on surnomme "Menthe à l'eau", nie toute implication active

Ce lundi 25 novembre 2024, Montacer Meziani est jugé au tribunal correctionnel de Bobigny. Il comparait dans le cadre du procès du trafic de stupéfiants de Canteleu, près de Rouen (Seine-Maritime).

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Dans la famille Meziani, le tribunal demande Montacer. C’est ce lundi 25 novembre 2024 que l’un des frères à la tête d’un trafic de stupéfiants à Canteleu, près de Rouen (Seine-Maritime) est jugé. Lors du premier procès qui a eu lieu en mai 2024, Montacer Meziani avait été disjoint pour raison de santé.

L’homme âgé de 37 ans comparaît libre devant le tribunal correctionnel de Bobigny. "Tous les délais légaux autorisant le maintien en détention provisoire, étant désormais dépassés", précise Frédéric Nicolas notre journaliste présent sur place.

Considéré comme tête pensante du réseau

Interdit de séjour en Seine-Maritime, il vit désormais dans l’Eure avec sa femme et son fils. Il est considéré avec son frère comme la tête pensante du réseau.

Aziz Meziani avait d’ailleurs été condamné à la peine maximale : 10 ans de prison et deux millions d’euros d’amende. Il n’est toujours pas en détention. Exilé au Maroc, il fait l’objet depuis octobre 2011 d’un mandat d’arrêt international.

Retrouvez nos journalistes Frédéric Nicolas et Pierre Léonard :

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Montacer Meziani est jugé ce lundi matin 25 novembre 2024 devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour trafic de stupéfiants. Son frère aîné, Aziz et 17 autres prévenus ont déjà été condamnés début juillet, à l’issue de plusieurs semaines de procès. Sur place, Frédéric Nicolas et Pierre Léonard ont assisté à l'audience. ©France 3 Normandie

Le procès a duré toute la journée. La procureure a requis 9 ans d'emprisonnement et 1 million d'euros d'amende. Cinq ans d'interdiction du territoire normand ont été prononcés.

Si Montacer Meziani retourne en prison, son sac est déjà prêt. Sa femme qui l’a accompagné repartira seule. Le Normand a déjà passé près de trois ans en détention provisoire. "Aujourd'hui, c'est extrêmement difficile pour lui d'envisager un retour en détention compte tenu de ses conditions de détention passées. Il faut savoir que lorsque le procès a commencé en juin ne tenait ni debout, ni assis. Il était contraint d'être allongé dans sa cellule après une opération extrêmement lourde. Son état de santé actuel n'est absolument pas consolidé. Les conditions de détention lui seront extrêmement compliquées." détaille son avocate Maître El Atrassi.

Retour sur l’affaire

L’affaire éclate en septembre 2019, après un contrôle de police à Saint-Denis en région parisienne où 50 000 euros en liquide et deux kilos de cocaïne vont être retrouvés. Les enquêteurs remontent la filière et parviennent aux frères Meziani, Aziz et Montacer, 40 et 37 ans aujourd’hui.

Le premier présenté comme le grand chef, le deuxième comme le bras droit fidèle assurant la gestion du trafic. Le Normand, avec sa maladie digestive toujours handicapante et sa béquille, a affirmé à la cour qu'"il y avait du trafic, je reconnais certaines choses mais je ne reconnais pas le rôle qu’on me donne".

"Quand on regarde l'ensemble des éléments, ce qu'on comprend c'est qu'il n'a aucun pouvoir décisionnel. Bien sûr, il est associé à un tas de choses, bien sûr il est au courant, il en profite de ce système parfois d'ailleurs il y intervient à sa manière qui est assez résiduelle. Il est toujours présent sur Canteleu, sa seule présence est comme une espèce de rappel qu'il fait partie d'un groupe qui trafique des stupéfiants." explique son avocat Maître Vigier.

Ce narcotrafic reste l’un des plus importants pour notre région. Il aurait généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros entre 2019 et 2021 avec des ramifications en Belgique, aux Pays-Bas, au Maroc, en Espagne au Brésil.

Debout, toute la journée, appuyé sur sa canne, Montacer Meziani, désormais libre plus de trois ans après sa mise en examen, s’est justifié des sept infractions pour lesquelles il est poursuivi. "Je sais qui faisait quoi, il y avait du trafic, mais je ne reconnais pas le rôle qu’on me donne. Je ne vais pas vous mentir, dit-il encore au président. Je les connais les organisateurs."

Mais celui qu’on surnomme « menthe à l’eau » dans le quartier de la cité verte à Canteleu, nie toute implication active.

"Une présence quasi dynastique"

C'est ce qu'avait dit le président Jean-Baptiste Acchiardi en juin dernier pour parler du clan Meziani et de son autorité locale. En 2019, Montacer et Aziz héritent de l’organisation du vaste réseau de trafic de stupéfiants géré jusqu’alors par leur frère aîné.

Ce dernier vient de mourir dans un accident de voiture s’apparentant fortement à un go fast. Le chiffre de ce narcotrafic, avec de la cocaïne, de l’héroïne et du cannabis, est estimé à 15 millions d’euros entre septembre 2019 et octobre 2021, date des interpellations. 

"Je vais être honnête, Monsieur le Président, je n’ai pas les épaules pour cela" ,assure Meziani. Son frère avait acheté un bar tabac à Canteleu qui deviendra une façade pour blanchir de l'argent de la drogue. "C'est ce qu'on appelle une emprise mafieuse", déclare le président à Meziani.

Un procès en appel pour Mélanie Boulanger

L'ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime), Mélanie Boulanger avait été relaxée dans le premier procès. Mais mi-juillet, le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a fait appel du jugement du tribunal correctionnel. L'avocat de Mélanie Boulanger avait alors réagi.

"Ma cliente est désespérée. Elle est de nouveau projetée dans le cauchemar qui a été le sien pendant 33 mois. Nous avions pensé que ce cauchemar était terminé mais il continue. J'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi on insiste à ce point", avait déclaré Arnaud de Saint-Rémy, l'avocat de Mélanie Boulanger.

Le tribunal avait par ailleurs condamné Hasbi Colak, l'ancien adjoint de la maire de Canteleu, à 12 mois de prison avec sursis et une peine d'inéligibilité de cinq ans. Moins que les 18 mois de prison requis par le parquet. 

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