Trafic de drogues à Canteleu : pourquoi l'un des frères Meziani sera jugé plus tard

C'est une vraie série noire qui touche le procès de Mélanie Boulanger, Hasbi Colak et 17 autres prévenus dans une tentaculaire affaire de trafic de drogue. Reporté une première fois le 27 mai dernier puis suspendu à plusieurs reprises ce lundi 3 juin 2024, le procès se tiendra finalement sans Montacer Meziani, un des protagonistes.

Le cas de l'un des chefs présumés du narcotrafic de Canteleu a été disjoint ce mercredi 5 juin 2024 pour raisons de santé du vaste procès au tribunal de Bobigny de ce réseau opérant dans la petite commune de Seine-Maritime. S'il sera jugé plus tard, son absence interroge sur la suite de l'audience.

Le bataillon d'avocats de la défense a fait feu de tout bois en attaquant cette disjonction et multipliant les demandes de renvoi en conséquence.Demandes que le tribunal a fini par rejeter en bloc en début de soirée avant de suspendre l'audience jusqu'à lundi "pour la sérénité des débats".

Se disant "un peu fatiguée" de ces requêtes sans fin, la procureure a fustigé des "demandes purement dilatoires" destinées à ce "qu'on ne puisse pas juger le dossier".

À la reprise ce lundi 10 juin, deux semaines d'audience sur les quatre prévues se seront écoulées. Le tribunal a été uniquement en mesure à ce stade de procéder au rappel des faits et à l'interrogatoire d'un seul prévenu.

Une expertise médicale doit également être remise ce lundi pour savoir si Montacer Meziani, 37 ans, soupçonné d'être à la tête de l'organisation avec son frère Aziz, peut être jugé à part d'ici au 11 juillet.

Un état de santé préoccupant

Détenu depuis le coup de filet d'octobre 2021, Montacer Meziani, 37 ans, n'a pas été en mesure de comparaître les 4 et 5 juin dans le box devant le tribunal correctionnel de Seine-Saint-Denis.

"Constatant l'hospitalisation de Montacer Meziani empêchant sa comparution devant le tribunal", la juridiction a ordonné une expertise médicale pour savoir s'il serait en mesure d'être jugé d'ici au 11 juillet.

L'homme, aperçu en béquilles dans le box des prévenus lundi 3 juin, a déjà subi une lourde opération par le passé. Pour le moment, il est donc exclu qu'il soit auditionné avant le 12 juin "au moins", selon un de ses médecins.

La crainte d'une fuite vers le Maroc

Passé le 11 juillet, Montacer Meziani serait automatiquement remis en liberté en raison de l'expiration des délais légaux autorisant son maintien en détention provisoire, la barre des six mois depuis l'ordonnance le renvoyant devant le tribunal correctionnel se trouvant alors franchie.

Les contraintes de la justice semblent d'un intérêt supérieur à l'état de santé de mon client.

Me Hugues Vigier, avocat de Montacer Meziani

à l'AFP

La justice craint qu'une fois dehors, le mis en cause ne trouve refuge au Maroc comme son frère Aziz, l'autre tête présumée du réseau. Ce dernier s'est mis hors de portée des autorités françaises pendant l'enquête et est jugé en son absence.

Un frère aîné d'Aziz et Montacer Meziani, condamné en 2004 à dix ans de prison pour trafic de stupéfiants dans une autre affaire, est lui aussi présumé en fuite au Maroc, a rappelé le tribunal dans sa synthèse des faits mardi.

La suite de l'audience incertaine

Le tribunal doit juger sur tout le mois de juin 19 personnes, dont Mélanie Boulanger, l'ex-maire de la ville, en lien avec ce trafic de cocaïne, héroïne et cannabis présumément tenu par la famille Meziani.

Dix jours après le début officiel de ce procès très médiatisé, l'audience est engluée dans les difficultés. Elle a ainsi dû être suspendue une semaine dès son ouverture en raison d'un pourvoi en cassation. Pour l'instant, un seul interrogatoire de prévenu, un collecteur de fonds présumé, a pu être mené à bien par la 13e chambre correctionnelle.

À lire aussi : Trafic de drogues à Canteleu : on vous explique pourquoi le procès de l'ex maire Mélanie Boulanger a (encore) été retardé

La sortie de Montacer Meziani, qui est l'une des têtes de pont du dossier, pose d'épineuses questions sur la poursuite du procès prévu pour durer jusqu'au 24 juin.

Deux lieutenants présumés des frères Meziani refusent également d'être extraits de leur cellule pour comparaître devant le tribunal.

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