Il y a quatre ans naissait, à Rouen, l'association "Culottes sans frontières". La structure, qui vise à lutter contre la précarité menstruelle, a déjà pu distribuer des culottes menstruelles dans plusieurs pays d'Afrique. Et Clémentine Delaby, sa présidente, ne ménage pas ses efforts. Découverte.
C'est une Normande qui se bouge... Pour les autres. À 34 ans, Clémentine Delaby préside depuis 2019 l'association "Culottes sans frontières", basée à Rouen (Seine-Maritime).
Depuis les premières 58 culottes distribuées en Mauritanie, la structure a fait du chemin. Aujourd'hui, les sous-vêtements menstruels s'envoient au Maroc, au Sénégal, au Bénin, à Haïti, en Tunisie ou encore en Côte d'Ivoire !
Faciliter la vie des femmes
C'est lorsque Clémentine commande sa première culotte menstruelle que l'idée de les distribuer à plus large échelle lui vient. "Je me suis renseignée au sujet de la précarité menstruelle, et j'ai saisi l'ampleur du problème", explique celle qui officie désormais comme thérapeute.
"Déscolarisation, problèmes de santé publique, jeunes femmes ayant à utiliser des torchons ou du sable en guise de protections hygiéniques... Du délire quand on se rend compte qu'un objet du quotidien comme une culotte peut résoudre tout ça !"
En 2019, j'ai commandé ma première culotte périodique. J'ai trouvé l'objet ultra-révolutionnaire, et en même temps, d'une simplicité déconcertante. C'était fou d'avoir juste à enfiler une culotte sans me poser de question pour le reste de ma journée. Je me souviens m'être dit : "Il faut que toutes les femmes en aient !"
Clémentine Delabyà France 3 Normandie
Avec son compagnon, Julien, elle lance rapidement l'association loi 1901 afin de demander des fonds. "J'avais l'impression que la culotte périodique était THE solution", affirme la jeune femme.
"J'ai contacté plusieurs associations sur Rouen pour leur parler de mon projet. Une seule a répondu à l'appel. J'ai récolté 1 500 euros, acheté 58 culottes périodiques, et je suis allée les distribuer en Mauritanie, dans la prison de Nouakchott, et à une équipe de foot de la capitale. L'aventure était lancée !"
Quatre ans plus tard, cette aventure n'est pas prête à prendre fin. Plusieurs marques collaborent désormais avec Clémentine Delaby. "Ce qui préserve ma motivation, c'est l'évidence du geste. Je trouve cette culotte fantastique, et je reste toujours dans l'incompréhension face à ces femmes démunies", confie-t-elle.
On n'imagine pas qu'une enfant puisse être privée d'école, et donc d'un avenir, seulement parce qu'elle a ses règles. Donc, je tente d'agir à mon niveau. La part du colibri, comme on dit !
Clémentine DelabyÀ France 3 Normandie
"Je n'ai pas vécu dans le tabou des règles. Je fais partie des chanceuses qui ont le choix entre plusieurs protections hygiéniques. Il s'agit pour moi d'un sujet lambda... C'est peut-être pour ça que cette démarche est pour moi évidente : j'aimerais que ce soit aussi facile pour toutes !"
Une association qui voit grand
Mais quid de l'hygiène, quand la culotte est envoyée dans des pays où l'accès à l'eau, par exemple, peut représenter un véritable challenge ? "Pour le moment, la question de l'eau n'a jamais posé de problème. La culotte peut se conserver durant trois ans. Elle est écologique et non toxique", relève Clémentine Delaby. "Grâce à elle, on réduit l'exclusion des femmes dans la société, on leur offre un moyen d'émancipation direct et on réduit des risques conséquents sur leur état de santé."
Un objet du quotidien qui peut donc changer radicalement celui des femmes dans des pays en voie de développement. Et briser, peut-être, le tabou des règles.
Pour aller encore plus loin, reste à passer à la transformation de culottes classiques. "Elles sont nettement moins chères, souligne Clémentine. Avec l'aide de bénévoles, je me suis dit qu'on pouvait créer et coudre nous-mêmes les noyaux absorbants sur les culottes. Nous en avons déjà récolté 192 et on lance bientôt notre premier atelier !"
On n'est pas du tout dans le gain de temps ou dans une logistique simplifiée, mais s'il n'y a que ça, je suis prête à me retrousser les manches.
Clémentine DelabyÀ France 3 Normandie
Prochaine étape pour "Culottes sans frontières" : "transmettre le savoir-faire mis en place au sein des ateliers couture pour que les femmes puissent être totalement autonomes et fabriquer elles-mêmes leurs culottes périodiques", expose Clémentine.
Pour faire un don, envoyer des culottes (périodiques ou classiques) ou donner un peu de votre temps dans l'atelier, vous pouvez contacter Clémentine Delaby au siège de l'association (57 rue Armand Carrel, 76000 Rouen), ou via les réseaux sociaux (Facebook et Instagram).