Une œuvre monumentale du peintre havrais Raoul Dufy trône désormais dans le jardin des sculptures du Musée des Beaux-Arts de Rouen (Seine-Maritime). Les trois tableaux, auparavant exposés, étaient dissimulés derrière une autre toile.
La Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie ont dévoilé le 14 avril 2023, une œuvre monumentale de Raoul Dufy : « Le Cours de la Seine (1936-1937) ».
A travers ces trois tableaux, c’est tout un territoire qui est présenté : le cours de la Seine depuis sa source jusqu’à Paris.
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La capitale se trouve sur le volet de droite, Rouen sur celui du centre et Le Havre à gauche. On reconnaît les monuments anciens (cathédrale de Rouen, abbaye de Jumièges…).
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L’architecture vernaculaire avec le chaume et le pan de bois, ainsi que les équipements et édifices de métal alors encore porteurs de modernité (Tour Eiffel, Flèche d’Alavoine, Pont aux Anglais).
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La richesse d’une architecture témoignant de plusieurs centaines d’années d’histoire, la force des éléments naturels (la pluie, les nuages, les méandres de la Seine, la minéralité des falaises) et les paysages nés de la main de l’Homme (les champs de blé, les pommiers, etc.) sont autant de marqueurs et de signes d’un territoire immédiatement identifiable. » précise le communiqué de presse du musée.
Dufy, spécialiste des immenses ensembles décoratifs
Le peintre et dessinateur Raoul Dufy doit une part de sa large renommée aux importants ensembles décoratifs qui lui sont commandés dans les années 1930. La célèbre Fée Électricité (10 x 60 mètres) conçue en 1937 pour l’Exposition universelle de Paris reste aujourd’hui le chef-d’œuvre incontournable de toute visite au musée d’Art moderne de Paris.
Deux versions du "Cours de la Seine"
La vaste composition, commandée à Raoul Dufy en juin 1936, se décline en deux versions. La seconde a orné le bar-fumoir du théâtre du palais de Chaillot à Paris avant d’être déposée en 1963 et d’entrer dans les collections du musée national d’Art moderne (aujourd’hui en dépôt au musée des Beaux-Arts de Lyon). La première version de cet ensemble décoratif, jamais mise en place au palais de Chaillot, est l’objet d’un dépôt au musée des BeauxArts de Rouen de la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris), datant de 1978.
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« Les aquarelles de Raoul Dufy sont la vie même, exaltées sous le regard d’un créateur de génie et réalisées avec une économie de moyens. Elles sont fluides mais jamais floues. Elles sont prestes mais non hâtives. Souvent exécutées en vingt minutes, elles sont grosses de nombreux essais préliminaires écartés par le Maître au bénéfice de la dernière d’entre elles […]. Elles sont profuses mais non chargées. Elles sont transparentes et non pas mièvres, à cause de la fermeté de l’attaque » précise Marcelle Berr de Turique, amie et biographe de Dufy
Cette exigence, Dufy l’appliquera aussi pour ce triptyque : « pour le premier, il n’est pas content de la composition. Pourtant le tableau est abouti. Les trois volets du triptyque sont réalisés mais pour quelle raison, je n’en sais rien, Raoul Dufy n’est pas content de la composition et il va l’abandonner et en refaire un autre » explique Florence Calame-Levert, la conservatrice Art moderne des Beaux-Arts.
Une restauration au coeur du musée
Durant de nombreuses années, le visiteur du musée des Beaux-Arts de Rouen était accueilli par ce grand décor de Raoul Dufy : "Le Cours de la Seine" se déployait au cœur du Jardin des sculptures. Depuis la fin des années 2000, la vaste composition de Raoul Dufy était donc masquée par un coffrage qui empêchait l’accès du public à cette œuvre importante. Pendant 17 ans, protégé dans un écrin, le triptyque était dissimulé derrière un autre chef-d’œuvre exposé (Le Martyre de sainte Agnès, Joseph-Désiré Court).
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L’oeuvre monumentale de l’artiste normand va faire l’objet d’une restauration au sein même du musée des Beaux-Arts de Rouen sous les yeux du public. Le chantier est prévu de juillet à octobre 2023. "C’est un souhait du musée des Beaux-Arts que de partager cette aventure avec le public, puisque l’atelier de restauration prendra directement place dans le Jardin des sculptures avec une ouverture aux visiteurs. D’un point de vue technique, le triptyque, trop fragilisé par l’écaillage de la peinture, n’aurait pas supporté qu’on le roule et le déplace en atelier extérieur", précise Alice Aurand, restauratrice.
En ce moment, 28 huiles sur toile sont exposées au MuMa du Havre dont l'emblématique « Estacade et plage du Havre » (1926), qui se situe en réalité à Sainte-Adresse et a également inspiré Claude Monet.
