Jouant sur la provocation, la surprise et l'humour, l'agence d'attractivité de Rouen (Seine-Maritime) lance une campagne de communication nationale avec l'artiste Rero.
Dans le domaine du marketing territorial, les campagnes de publicité pour promouvoir une ville, un site ou une région se ressemblent toutes. Alors, pour se démarquer, surprendre et faire parler, deux collectivités normandes ont fait le choix osé de l'humour et du décalé, voire de la provocation.
Au début de l'été 2022, l'agence de développement touristique du département de l'Eure avait "fait le buzz" avec sa campagne de communication parisienne utilisant des slogans chocs tels que " Ne visitez jamais le département de l'Eure : c'est nul, ça ne mérite même pas de faire partie de la Normandie !" ou bien encore : "J'ai fait un horrible cauchemar, j'ai rêvé que j'allais en vacances dans l'Eure #PlusJamaisÇa"
Rouen "carrément barré"
Après la campagne (réussie) d'Eure Tourisme, c'est au tour de Rouen de communiquer de façon différente. Afin de promouvoir le bassin de vie rouennais (un territoire de 800.000 habitants) l'agence d'attractivité Rouen Normandy Invest lance une campagne de communication présentée comme étant "unique en France".
L'agence de développement économique de Rouen Seine-Eure a décidé de faire connaître "la plus importante métropole proche de la plage et de Paris" avec une opération associant une centaine de partenaires institutionnels et privés pour financer et diffuser une série de six affiches.
Il n'y a rien de pire que d'être indifférent. Et cette campagne elle fait réagir.
Jean-Yves Heyer, directeur général de Rouen Normandy Invest
Avec humour, le slogan écrit en grandes lettres barrées d'un trait est en contradiction avec l'image de fond. Exemple avec cette photo nocturne de l'Armada (le premier rassemblement mondial de grands voiliers et ses millions de visiteurs) et le texte "A Rouen on n'aime pas la flotte."
Intitulée "Rouen Carrément barrée" , cette campagne publicitaire réalisée par une agence locale se veut un poil provocatrice comme l'a expliqué Jean-Yves Heyer, directeur général de Rouen Normandy Invest à notre journaliste Klervi Dalibot :
"Le levier de la provocation est un bon levier. Faut faire attention, mais ça fait réagir. Et il n'y a rien de pire que d'être indifférent. Et cette campagne elle fait réagir et c'est une excellente chose."
Rero et ses mots barrés
Pour cette campagne décalée, l'agence de communication Zig Zag a choisi quelqu'un qui est à la fois plasticien, photographe et graphiste. Rero, qui estime qu'à notre époque un artiste, comme du poil à gratter, doit déranger, est connu pour ses mots barrés d'un trait noir.
Une barre, qui explique-t-il, "permet de dialoguer avec des personnes avec qui je ne suis pas forcément d'accord. Cela crée une polysémie d'interprétations, et j'essaie de cultiver cette ambiguïté parce que justement ça permet de dire des choses qui pourraient ne pas être entendues ou dites dans un certain contexte. Cela crée une interaction entre deux idées contradictoires et en fait je pense que toute notre époque, c'est de de réussir à faire cohabiter des idées qui sont de prime abord contradictoires…"
Faire changer l'image et la perception de Rouen
L'agence rouennaise Zig Zag était bien placée pour connaître les clichés et idées reçues sur Rouen, ville longtemps connue, par exemple, comme étant " le pot de chambre de la Normandie" pour sa prétendue grande pluviométrie.
Mais au-delà de redorer l'image de marque de Rouen à l'extérieur des frontières de la Normandie, l'autre objectif des créatifs de Zig Zag était, avec les différents niveaux de lecture des œuvres de Rero, de surprendre avec une "claque visuelle" les Rouennais, qui, à la différence des Havrais, ne sont pas fiers de leur ville. D'où l'idée de "rayer des clichés".
Cette originale campagne de promotion de Rouen va débuter fin septembre 2022. On verra ces affiches surprenantes aux textes barrés dans la presse nationale et à Paris, dans les couloirs et stations du métro.