VIDÉO. Covid-19, un an après : "Je suis un survivant"

Il y a près d'un an, Xavier, 52 ans, a été l'un des premiers normands atteint de la Covid-19. Pour s'en sortir, il a été plongé dans un coma artificiel pendant 3 semaines. S'en est suivie une longue rééducation. Il témoigne.

Il se définit comme "un survivant du covid". Il y a près d'un an, Xavier, 52 ans et habitant de la région d'Évreux, a été plongé dans un coma artificiel pendant 3 semaines. Atteint de la Covid-19, il fait partie des premiers malades normands pendant le premier confinement.

La vidéo de son témoignage sur Facebook avait atteint 1,8 millions de vues. Après de longues semaines de rééducation, il a aujourd'hui repris une vie normale et a même repris son sport de prédilection : la plongée sous-marine. Près d'un an après, Xavier a accepté de revenir sur cet évènement qui le marquera à jamais.

Plongé dans un coma artificiel

"Les premiers symptômes sont apparus aux environs du 20 mars : température, fatigue, fièvre... Je me suis isolé car j'ai assez vite pensé à la Covid-19, sans penser à la suite." Xavier décide alors de faire une téléconsultation qui confirme ses inquiétudes. "On m’a prescrit du paracétamol." Une dizaine de jours plus tard, son état de fatigue se dégrade. Sa femme décide de rappeler le centre 15. "L'élément déclencheur, c'est que je n'ai même pas pu parler au médecin. Il a alors décidé de m'évacuer aux urgences à Évreux dans la soirée. J'ai tout de suite été pris en charge."

On comprend qu’on va y passer du temps quand le médecin anesthésiste rentre et dit "Monsieur, si vous voulez maximiser les chances de vous en sortir, il faut m’autoriser à vous plonger dans le coma." J’ai eu une petite conversation téléphonique en pleurs avec ma femme. Ensuite je vois arriver le masque, et là... trou noir.

Ce n'est que 3 semaines plus tard, le 22 avril 2020 que Xavier se réveille pour sortir du coma. "Mais je n'ai aucun souvenir avant le 29 avril", nous confie-t-il. Ce n'est plus à Évreux mais au CHU de Rouen qu'il retrouve ses esprits. "Je n'ai jamais su si c'était pour libérer de la place à Évreux ou si mon cas nécessitait un transfert."

Une perte musculaire impressionnante

À son réveil, Xavier est méconnaissable, il a perdu 29 kilos. "Les 3 semaines de coma occasionnent une perte musculaire impressionnante. On ne bouge pas, on ne marche pas, on ne lève pas les bras. On récupère les premiers gestes. J’ai été trachéotomisé pour évacuer tout ce qui gênait les voies respiratoires." S'en suivent trois longues semaines de rééducation :

La première chose à apprendre, c'est respirer tout seul. Pendant 3 semaines on ne bouge pas, on reste allongé sur le lit toute la journée.

"Le kiné me fait faire quelques exercices. Les bras reviennent assez vite, mais les jambes... zéro", poursuit Xavier. "Je n'avais aucune visibilité pour savoir quand j'allais remarcher." Une épreuve difficile à vivre pour ce sportif qui n'avait aucun antécédent. "J'aime bouger, je pratique la plongée, le VTT. Je ne suis pas du style à rester en place !"

Le 6 mai 2020, quelques jours après son réveil, Xavier se filme en direct sur Facebook. Il souhaite montrer à tous les effets du covid sur la santé et adresser un message aux soignants. "Ils font un travail admirable malgré la limitation de leurs moyens. Ils sont à la disposition des patients,  ils nous expliquent ce qui se passe. J'avais envie de témoigner, je voulais le faire pendant que c'était frais"

La vidéo est partagée en masse sur les réseaux sociaux, jusqu'à atteindre près de 2 millions de vues :

Une longue rééducation

Apres ces 3 semaines de sevrage respiratoire, Xavier est transféré dans un centre de rééducation. La France étant toujours confinée, c'est dans sa chambre qu'il passera les deux premières semaines. "Ce sont les équipes qui venaient à moi pour commencer les premiers gestes. Mais comme je restais dans ma chambre, je ne progressais pas"

Deux semaines plus tard et un test PCR négatif, Xavier peut enfin descendre sur un plateau technique. Ses premiers déplacements se font en fauteuil roulant.

On commence par remuscler les bras, puis arrive une grosse période d'incertitude. Je ne marche pas. Je marche entre 2 barres. Je n'arrive pas à me lever, je ne tiens pas debout tout seul.

Xavier

Après l'incertitude arrivent les premiers progrès. "Plus je marchais, plus je faisais de l'exercice. Le soir, je faisais des tours dans le parc. Je me suis donné à fond pour sortir le plus vite possible et retrouver ma famille."

Le retour à la vie normale

En juin, le retour à la vie d'avant semble à portée de main et les bonnes nouvelles s'enchaînent. Le 12 juin 2020, après 3 mois d'absence et 5 semaines de rééducation, Xavier peut enfin rentrer chez lui. Le 24 août, il reprend son activité professionnelle. "Début septembre, j'ai fait des tests d'effort avec un cardiologue et un pneumologue et là, les résultats cliniques sont super. On m'annonce que je peux reprendre la plongée, mon sport de prédilection."

Xavier reste cependant toujours surveillé. "J'ai refait un scanner, je suis surveillé comme le lait sur le feu mais aujourd'hui, cliniquement, c'est que du bonheur !"

Physiquement, je suis aujourd'hui à 100%. Mentalement, on n’oublie pas par où on est passé. J’ai frôlé la porte de sortie. Je suis dans un état d’esprit différent. J'ai envie de profiter de la vie, de ma femme et de mes enfants.

Xavier

"J'ai aussi un regard un peu différent sur la maladie. J’ai été parmi les premiers, il faut accepter. Je prône aussi une certaine tolérance. On ne connaissait pas la Covid il y a 1 an. C’est un miracle de trouver un vaccin, qu’on trouve un protocole thérapeutique qui agisse sur la Covid et sur tous ses effets."

"Un survivant du Covid"

Presque un an après, Xavier souhaite profiter de la vie et adresser un message d'espoir. "Je suis la preuve vivante qu’on peut s’en sortir. J’ai un peu plus le sens de la vie car je sais ce que ça peut donner d’être immobilisé dans un lit, de ne pas voir mes proches pendant plusieurs mois. Je me rends compte que j’aurais pu y passer. J’ai la chance de faire partie des survivants."

 

Edition spéciale sur France 3 Normandie

Mercredi 17 mars, la rédaction de France 3 Normandie propose deux éditions spéciales à 11h53 et à 19h00, à l’occasion de la date anniversaire de la mise en œuvre du premier confinement. L’antenne de Rouen s’installera dans un Ehpad dans l'Eure et l’antenne de Caen posera ses caméras depuis le CHU de Caen, en hommage aux soignants. 

Le 18h30 sera en direct de l'Ehpad de Saint-Aubin et l'édition locale Baie de Seine à 18h53 sera en direct depuis l'hôpital de Fécamp, présentée par Bénédicte Drouet.

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Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. 

 

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