Après avoir brillé en karting, à 15 ans, Lisa Billard s'attaque aux championnats de Formule 4. Une catégorie très coûteuse pour laquelle la jeune pilote ultra prometteuse, fille de garagiste, doit trouver des financements. L'un des nombreux défis qu'elle doit relever avant d'espérer, un jour, rejoindre la F1.
"J'ai attendu ça pendant 7 ans. C'était mon rêve. Pouvoir enfin conduire en F4, c'est impressionnant, c'est beaucoup de travail et je suis prête."
Les mots sont posés. Lisa Billard est décidément prête pour un nouveau virage dans sa jeune carrière. À 15 ans, elle n'a pas encore son permis mais fait déjà vrombir sa monoplace sur le mythique circuit Bugatti du Mans (Sarthe). Et la Normande vise plus haut encore : la F1.
Regardez ce dossier préparé par Félix Bollez et François Pesquet :
Une quête permanente de financements
À la très prestigieuse académie de la Fédération française de sport automobile, la jeune Normande mêle chaque semaine études, sport intensif et séances de simulateurs. Ce quotidien en immersion dans l’univers exigeant du pilotage de haut niveau la conforte dans ses ambitions - coûteuses.
Problème : "une saison de F4 coûte autour des 220 000 euros. Mes parents ne peuvent pas subvenir seuls à ces besoins", plaide Lisa. Et si la jeune fille est financée aux deux tiers par la Fédération et par son écurie, Alpine, elle doit encore trouver 80 000 euros pour boucler son budget 2025.
C'est une pilote qui a besoin de faire des essais, qui a besoin de fonds pour rouler. Donc s'il vous plaît, investissez sur Lisa, faites partie de l'Histoire !
Esteban Ocon, pilote de F1, proche de la famille Billard
Une somme sans laquelle Lisa ne pourra plus rouler au printemps prochain. Cette incertitude rythme le quotidien de la pilote : "c'est une grosse pression. Je n'ai pas envie que mon parcours s'arrête à cause de ça. Je cherche au quotidien, forcément c'est une pression en plus."
"On essaie de trouver toutes les solutions pour lui permettre de rouler l'année prochaine"
Dans les locaux d'Alpine, les parents de l'adolescente accueillent leurs partenaires pour lever des fonds. Deux d'entre eux réaffirment leur soutien sans faille.
"On est partenaire depuis environ 5-6 ans, on la suit depuis ses évolutions en karting, explique Pierre Bourguelle, de la société TDN Déménagement. On avait déjà une affinité avec le sport automobile. Quand David, son papa, est venu nous présenter le sujet, on a suivi naturellement Lisa."
J'ai toujours dit qu'elle ferait partie des trois premières pilotes féminines françaises. J'en suis convaincu et j'ai réussi à convaincre ma direction.
Frédéric Guéret, manager au Alpine Store de Rouen
Pour TDN Déménagement, le sponsoring vise non seulement à aider la jeune fille financièrement, mais aussi à la faire connaître. "La F4, c'est déjà un niveau très élevé. Tout le monde suit la F1 mais les gens n'ont pas forcément la connaissance de la F4 et comment on arrive en F1."
Manager du concessionnaire Alpine de Rouen, Frédéric Guéret s'est engagé à sponsoriser Lisa pendant les deux prochaines années. "On essaie de trouver toutes les solutions pour pouvoir lui permettre de rouler l'année prochaine et d'aller au bout de son rêve."
Ocon et Gasly, "infatigables, comme Lisa"
Aller au bout de son rêve, Lisa y croit. Et ses proches savourent le chemin parcouru depuis ses débuts en karting. "Ce sont des moments magiques à chaque instant. Honnêtement, on est hyper fier de ce qu'elle fait", s'enthousiasme son père, David.
Pour Lisa, chaque tour de piste est une opportunité précieuse de progresser. Ses entraîneurs louent son style agressif sur la piste.
Avec l’académie, elle a développé ses qualités physiques, de quoi rivaliser avec ses concurrents masculins pour celle qui ambitionne de rejoindre Ocon et Gasly en F1.
Si j'avais le budget comme ça, peut-être que je n'aurais pas autant d'ambitions, que je ne me donnerais pas autant.
Lisa Billard
Comme eux, Lisa a fait ses premiers exploits aux côtés de Didier Blot. L'un de leurs nombreux points communs. "Ils étaient très motivés, ils étaient infatigables, comme Lisa. Ils n'étaient pas fortunés non plus", se souvient-il.
Une envie sans limite pour faire face à un double défi : être une femme d’origine modeste en mesure de prendre un jour le départ d’un grand prix de Formule 1.