A partir du 1er septembre, la ville de Rouen va mettre en place sa "zone faible émission". Mise en place pour que les habitants "respirent mieux", cette mesure divise. Certains l’accusent d’exclure les plus modestes et de rendre leur quotidien encore plus difficile.
Il est 15h, Olivier Mierunski vient de terminer sa journée. Cet homme de 51 ans est commis de cuisine à Canteleu (76). Depuis des années, il a pris l’habitude, de s’y rendre en voiture depuis son domicile à Amfreville-la-Mi-Voie (76).
Un quotidien sur lequel il va devoir tirer un trait car à partir du 1er septembre, il ne pourra plus utiliser son véhicule. Vieille de 1999 et classée Crit’Air 5, sa voiture va désormais être interdite dans Rouen et les 13 communes qui l’entourent.
1h de bus contre 20 minutes en voiture
La voiture au garage, Olivier Mierunski tente déjà de se rendre en bus sur son lieu de travail. Un véritable casse-tête. Deux bus, des minutes d’attente… Plus d’une heure de transport en commun, contre à peine 20 minutes en voiture. Le plus difficile pour lui reste le matin, car les bus sont beaucoup moins fréquents.
"Je prends le bus à 5h45, mais j’arrive au travail 40 minutes en avance. J’ai essayé de prendre celui de 6h15, mais il n’est pas passé, je suis arrivé en retard", nous confie avec colère Olivier Mierunski.
Sans solution, le père de famille pense se débarrasser du véhicule. "Elle va terminer à la casse. Pour moi, elle n’est pas revendable, sachant qu’elle est classée Crit’Air 5, personne ne la rachètera", se désole-t-il.
Ça nous est tombé sur le nez comme ça, on ne s’y attendait pas
Olivier Mierunski, propriétaire d'une voiture Crit'Air 5
Et pas question pour lui d’enfreindre la loi, car en cas d'absence de vignette Crit'Air ou de macaron supérieur à 3, il risque une amende de 68 euros.
Avec un revenu modeste, il n’envisage pas de racheter une nouvelle voiture mais peut-être de déménager à Canteleu, ville non concernée par la mesure.
Un risque d'exclusion sociale
Comme Olivier Mirunski, beaucoup pensent que cette mesure va pénaliser les automobilistes les plus pauvres, ceux déjà durement frappés par l'augmentation des prix des carburants.
"Nous sommes contre cette mesure, même si nous sommes conscients qu’il faut faire quelque chose pour l’environnement. On pénalise les petits revenus ou les jeunes qui démarrent dans la vie", soulève Gérard Blottière, secrétaire général de l’Automobile club association.
Ce dernier pointe du doigt le manque de transports, "lorsque l’on habite à plus de 10 kilomètres de Rouen. C’est de la pure discrimination", ajoute Gérard Blottière.
Des aides pour aider les ménages à changer de voiture
Afin de leur permettre de changer de véhicule pour un modèle moins polluant, la Métropole Rouen Normandie, le département et l’Etat proposent des aides et des primes à la conversion. Leur montant peut atteindre 5 000 euros pour l'aide métropolitaine et 4 000 euros pour la partie départementale. Ces sommes sont soumises à des critères de revenus. Un reste à charge est donc possible.
Mais ces aides sont "irréfléchies" pour l’Automobile club association. "La métropole verse 5.000 euros et l’Etat 4.000 euros sauf que la voiture électrique la moins chère, c’est la Dacia, elle est à 19.000 euros".
Limiter la pollution atmosphérique
Selon Atmo Normandie, le nombre de particules fines dans l’air pourrait baisser de 20 à 30% grâce à cette mesure. Chaque année, près de 500 personnes meurent prématurément à cause de la pollution de l’air dans l'agglomération rouennaise.