Surpopulation de sangliers : chasseurs et agriculteurs main dans la main

Une centaine d'agriculteurs et de chasseurs se sont réunis à l'invitation de la préfecture de Seine-Maritime pour trouver une solution à la surpopulation de sangliers, et aux dégradations qu'ils occasionnent. Dans le massif des Loges près d'Etretat, les cultures sont régulièrement saccagées, ce qui provoque la colère des exploitants.

"C'est la première fois qu'on arrive à mettre tout le monde dans la même pièce, c'est déjà positif", s'amuse Stéphane Donckele, le vice-président de la Chambre d'Agriculture de Seine-Maritime.

Une centaine d'agriculteurs et de chasseurs se sont retrouvés à Villainville (Seine-Maritime) il y a quelques jours pour échanger sur la surpopulation des sangliers dans le département, à l'origine de dégâts considérables.

Le massif des Loges, près d'Étretat, petit espace boisé de 1000 hectares, est une zone singulièrement exposée aux dégradations des sangliers. Les nombreux éleveurs laitiers sont particulièrement vulnérables aux assauts des sangliers dans les prairies.

Cet été, la colère des exploitants a atteint son comble, au vu de leurs parcelles agricoles transformées en champ de mines. Les dégâts se chiffraient alors en dizaine de milliers d'euros. Un collectif d'agriculteurs s'est alors créé pour fédérer le mécontentement, et tenter de trouver des solutions.

Pour une régulation de l'espèce

C'est aux chasseurs que revient la charge de contrôler certaines espèces, et en particulier les sangliers qui prolifèrent dans la nature ces dernières années. Ce sont aussi les chasseurs qui dédommagent les agriculteurs dont les terres ont été saccagées par les phacochères.

On a demandé aux chasseurs de descendre la densité de sangliers. Les chasseurs doivent assurer leur mission de régulation, et pas seulement de préservation

Stéphane Donckele, vice-président de la Chambre d'Agriculture de Seine-Maritime

Les agriculteurs reprochent aux chasseurs de vouloir réguler l'espèce, tout en maintenant les effectifs par la pratique du "tir sélectif". "Parfois les chasseurs sélectionnent les tirs, on évite les femelles pour qu'elles continuent de se reproduire", poursuit Stéphane Donckele.

La Fédération des chasseurs adhère tout à fait à cette mission de contrôle, mais elle doit maintenant convaincre sa base.

Ce sont les chasseurs qui indemnisent les agriculteurs, donc plus il y a de dégâts, plus on a besoin d'argent, et plus nous augmentons la cotisation des chasseurs. Notre objectif est de revenir à un tableau de chasse de 6000 sangliers sur le département à horizon 2029.

Nicolas Künkel, le directeur de la Fédération de la chasse en Seine-Maritime

Il faudrait aussi, d'après lui, que les agriculteurs soient chasseurs, ce qui n'est pas souvent le cas. Car les agriculteurs ont le droit de prélever le sanglier toute l'année, l'animal étant considéré comme nuisible par un arrêté préfectoral.


Les chasseurs ont donc proposé, au cours de cette réunion, d'abattre plus de sangliers que d'habitude, notamment en encourageant le tir à l'affût. Ils ont aussi suggéré de faire un bilan des prélèvements fin novembre.

Si la situation n'était toujours pas favorable, la préfecture pourra engager des actions administratives de destruction, telles que des tirs de nuit ou des battues administratives. Une mise en réseau entre agriculteurs et chasseurs permettra aussi de réagir rapidement en cas de présences de sangliers sur des terres agricoles.

Une espèce en pleine croissance

Ces dernières années, la population de sangliers a explosé en raison du changement climatique. Les hivers sont moins rigoureux, et les nouveau-nés résistent davantage.

Autre cause de l'accroissement de l'espèce, les changements de pratiques culturales. Dans la région, les herbages sont remplacés par des champs de maïs, fort apprécié par l'animal. Les sangliers appartiennent à une espèce très intelligente, qui s'adapte parfaitement aux changements.

Si la cynégétique est censée limiter la croissance de l'espèce, 30% du territoire national n'est pas chassé. Ce qui crêt des zones de quiétude pour les sangliers, comme les zones péri urbaines.

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