La vidange du barrage hydroélectrique de Vezins, dans le sud-Manche est terminée. Selon les services de l'Etat, l'opération n'a entraîné aucune pollution.
La délicate vidange du barrage hydroélectrique de Vezins, proche du Mont-Saint-Michel, s'est achevée sans pollution, a indiqué ce mardi à l'AFP la préfecture de la Manche. La dernière vidange intervenue sur ce barrage de 26 mètres de haut pour 280 de long, sur la Sélune, en 1993, avait provoqué une grave pollution de la baie, située à une trentaine de km et classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
"Près de 500.000 m3 de sédiments ont été traités. Tous les sédiments sur lesquels il y avait des suspicions de pollution ont été confinés sur place, enfouis sous d'autres sédiments de manière à ce qu'ils ne s'échappent pas", a expliqué le sous-préfet d'Avranches Gilles Traimond. "L'eau était évidemment turpide: il y avait des matières en suspension, qui sortaient. Mais ce n'était pas des sédiments pollués", a ajouté le haut fonctionnaire.
Ces travaux de confinement entamés en 2017 ont eu lieu dans l'enveloppe budgétaire prévue (20 millions d'euros ndlr) selon M. Traimond. La vidange avait été entamée mi-mai.
"une dégradation très forte de la biodiversité"
Au cours de l'opération, environ 13 tonnes de poissons ont été pêchées et vendues. Plus de la moitié sont des silures, une "espèce invasive non valorisable" qui vit dans les eaux stagnantes "et tue tous les autres poissons", selon l'Etat. Cette collecte a ainsi "mis au jour une dégradation très forte de la biodiversité", à cause du barrage, a souligné le sous-préfet.La destruction de l'ouvrage, qui doit encore faire l'objet d'un appel d'offre, doit avoir lieu du printemps 2018 à l'automne 2019, selon l'Etat. La destruction de ce barrage, ainsi que celle du barrage de la Roche Qui Boit, également sur la Sélune, mais plus petit, avait été annoncée en novembre 2017 par le ministre de la Transition écologique d'alors, Nicolas Hulot.
Avec cette opération "unique en Europe", "90 km de cours d'eau seront entièrement ouverts à la reconquête de la biodiversité, notamment grâce au retour naturel d'espèces aquatiques emblématiques comme le saumon de l'Atlantique et l'anguille européenne", avait indiqué le ministère.
Cet arasement est toutefois contesté localement car il implique la disparition d'un lac et notamment de sa base nautique. En 2010, la cour administrative d'appel de Nantes avait mis en demeure EDF d'"assurer la circulation des grands migrateurs au droit des ouvrages de La Roche Qui Boit et de Vezins" avant 2014.
La vidange du barrage de la Roche Qui Boit doit intervenir à partir de 2020/2021, avait indiqué l'Etat en 2017.