Le Loop X, un dispositif de dépistage du coronavirus extrêmement rapide et mis au point dans l'agglomération caennaise, est paré pour son lancement. A Saint-Lô, Labéo a développé un système pour traquer le virus dans l'environnement.
C'est la dernière ligne droite pour Loop X, une course contre la montre engagée depuis le mois de janvier par la start-up Loop Dee Science, en collaboration avec le CHU de Caen (et son laboratoire de virologie) et la société Eldim. Le dernier osbtacle à sa commercialisation vient d'être levé avec l'obtention de la norme CE. Le kit de dépistage de la Covid 19 va pouvoir être déployé, en France et par le monde. Car la demande est forte tant la rapidité du dispositif, vantée par ses concepteurs, semble révolutionnaire.
Car, alors que les centres de dépistage s'engorgent et les délais s'allongent dans certaines régions avec trois à quatre jours d'attente pour obtenir un résultat, Loop X n'a besoin que d'une petite demie-heure pour livrer son verdict. Le prélèvement s'effectue dans les narines du patient. L'écouvillon est ensuite introduit dans un petit boitier. Le voyant rouge s'allume, c'est négatif. En vert, l'individu testé a malheureusement été contaminé.
Test antigénique ?
Ce délai est à peu près le même que celui des test antigéniques, dont le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé ce mardi un déploiement rapide en Île de France cette semaine, à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. En avril dernier, l'OMS avait émis des réserves quant à cette méthode dépistage qui traque les protéïnes virales et non le patrimoine génétique du virus. L'organisation mondiale de la santé pointait une efficacité moindre en cas de charge virale basse."Le Loop X n'est pas un test antigénique, il est quasi similaire au RT-PCR classique", indique Alexandre Drezet, directeur de la recherche et de l'innovation du CHU de Caen. "On rend le même résultat qu'un test RT-PCR classique mais dans un laps de temps beaucoup plus court ce qui permet une prise en charge et un isolement du patient plus précoce."
Un réactif... très réactif au Covid 19
Le kit complet, contenant le boitier, des écouvillons et des réactifs est vendu 1000 euros. "La technologie repose sur une amplification isotherme de l’ARN du virus et ne requiert aucun appareil de type thermocycleur. Le LoopX est un automate d’analyse puissant qui rend localement un résultat, mais qui peut également retranscrire les résultats par connexion USB ou Bluetooth", nous expliquait Stefan Gallard à la tête de la start-up caennaise Loop Dee Science en avril dernier. Le boitier a été conçu par la société caennaise Eldim, qui travaille notamment avec Apple.Mais le coeur du dispositif, c'est le réactif, dont le laboratoire de virologie du CHU de Caen a assuré la validation scientifique. L'établissement hospitalier normand étudie actuellement une future utilisation de ce réactif sur ses propres appareils d'analyse. Le kit complet s'adresse "à tout le personnel médical au sens large, des médecins généralistes, des cabinets dentaires, des maisons de retraite médicalisées qui peuvent s'équiper directement de ce dispositif pour réaliser eux-même leur test de dépistage", explique Rodrigue Courchant, responsable de la communication de Loop Dee Science. Les pompiers et les pharmaciens sont également identifiés comme des clients potentiels. 25 000 de ces kits sont déjà prêts à être commercialisés.Des lingettes Covid-19
A Saint-Lô, le site manchois de Labéo, le pôle d'analyses et de recherche de Normandie, s'apprête lui aussi à lancer un nouveau service pour traquer le coronavirus. Et là aussi, la demande est forte. Collectivités, casernes de pompiers, collèges, ehpad et même des gares ont déjà exprimé leur intérêt pour ce qu'on pourrait appeler des lingettes Covid. Delphine Perrotte, chef de service virologie et biologie moléculaire, préfère parler de "chiffonnettes". Ce type de produit est déjà utilisé "en bactériologie alimentaire, dans des cantines industrielles ou des exploitations agricoles pour contrôler l'environnement".Labéo n'est donc pas parti de zéro mais s'est assuré que le dispositif pouvait être mis en oeuvre dans le cadre d'un dépistage Covid. La lingette est livrée avec des gants. Elle est imprégnée d'un liquide neutre. Après avoir été posée sur une surface, elle peut être renvoyée à Labéo (dans un sachet fourni par ses soins) pour analyse. "Il s'agit de tester l'environnement avant les personnes", explique Delphine Perrotte, "Par exemple, dans un Ehpad d'une centaine de personnes, on teste deux-trois tables et si c'est positif on peut lancer le dépistage des résidents."
A Saint-Lô, Labéo va devoir renforcer ses effectifs. "On va recruter pour faire face". Car outre l'analyse des chiffonnettes, l'antenne manchoise "décharge" à partir de cette semaine le laboratoire Duncombe, le siège de Labéo basé à Caen, d'une partie des analyses des tests Covid effectués sur les humains (habituellement le réseau travaille sur les animaux).
Sans compter les tests réalisés dans les stations d'épuration. "Quand un individu contracte le Covid, il excrète du génome du virus dans ses selles, avant d'être considéré malade ou d'être atteint de symptômes respiratoires", explique Delphine Perrotte. Le laboratoire normand a intégré le projet d'Observatoire épidémiologique dans les eaux usées (OBEPINE) lancé au début de la crise sanitaire en Île-de-France, un système d'alerte et d'anticipation d'une vague épidémique à venir. La présence de virus dans des eaux usées, permet d'identifier un bassin de population où la Covid-19 circule.