C'est dans un contexte de crise sanitaire et après un confinement long que se tiennent à l'université de Caen les troisièmes assises de la vie étudiante en Normandie. L'occasion pour les acteurs impliqués dans la qualité de vie des étudiants de se réunir et de dialoguer pour améliorer leur accueil, leur vie sur le campus avec pour objectif leur épanouissement et leur réussite.
Travailler à l'actualisation et au développement du schéma directeur de la vie étudiante (SDVE), voilà l'objectif de cette journée de rencontres, d'ateliers, organisée par Normandie Université qui regroupe les campus de Rouen, Le Havre et Caen mardi 8 novembre 2022.
Améliorer la qualité de vie des étudiants
Créer de la visibilité, des synergies pour améliorer la qualité de vie dans les universités; les services académiques, le Crous, les associations et les collectivités locales se mobilisent et portent des actions pour proposer des réponses aux besoins des étudiants.
Ainsi, "une charte de la vie étudiante a été rédigée", indique Virginie Catherine, directrice du CROUS Normandie. "Des évènements responsables sont organisés, un accès à la culture est possible pour tous les étudiants, le tutorat s'est développé faisant de chaque étudiant un référent potentiel, un investissement important en matière d'activités physiques et sportive a été réalisé. Néanmoins, admet la directrice, il existe encore des disparités en matière d'information pour accéder à l'enseignement supérieur."
La communication, un élément fondamental
L'administration a du mal à prendre en compte les problématiques de chaque étudiant. "Elle a souvent une vision impersonnelle de l'étudiant", observe Louis Charton, étudiant ingénieur à l'INSA Rouen Normandie. "Derrière chaque étudiant, il y a une sensibilité, un cœur qui bat et des problèmes".
"La loi sur la RGPD ne favorise pas non plus la communication entre l'administration et l'étudiant renchérit", indique Celia Seillier, docteure en Neuroscience et ancienne présidente d'une association étudiante. "Le contact via une adresse personnelle n'est souvent pas possible, ce qui altère la relation avec l'étudiant; d'autant qu'après l'inscription, l'administration n'a plus de contact avec lui."
Il y a un vrai problème de communication : que "les réseaux sociaux non plus ne parviennent pas à pallier", s'accordent-ils à dire. Mais pour certains d'entre eux, la vie associative semble être un bon remède au défaut de communication :
Dans ma vie d'étudiant, l'associatif est mon premier grand amour, j'ai pu m'y épanouir !
Louis Charton, étudiant ingénieur à l'INSA Rouen Normandie et ancien président du Bureau des étudiants
"Dans mon association, j'ai rencontré beaucoup de monde. J'ai développé des compétences, gérer un budget par exemple, développer un projet. Il y a un aspect administratif mais aussi relationnel important. On apprend sur soi-même", dit-il.
Pour Célia Seillier, l'association était au début de ses études un monde assez lointain. Mais arrivée en thèse, elle s'y est intéressée pour rompre l'isolement. "L'association, c'est le partage !, dit-elle. Je me suis rendue compte qu'il manquait d'événements pour les doctorants...Quand on est seule, c'est pas rôle ! On réalise ce que permet l'association: aller chercher des fonds, créer des évènements , rencontrer de nouvelles personnes. Ainsi, je me suis retrouvée présidente de l'association et j'en ai créé une autre par la suite, Normandie Doc."
Cursus à l'étranger, pas toujours facile !
Cet espace de convivialité peut aussi susciter l'envie de partir à l'étranger pour poursuivre son cursus.
Pour Louis, étudiant ingénieur, le pas pour un départ a été facile. "Dans mon école, il y a une forte culture de mobilité internationale. On peut être accompagné, bénéficier d'un parrain. J'ai eu le choix de ma destination, mais je voulais quelque chose de différent de l'Europe. Je voulais sortir de ma zone de confort, je suis donc parti en Corée du Sud. Financièrement, je ne n'ai pas dépensé plus que si j'étais resté en France et le bénéfice culturel a été immense. J'y ai découvert un grand respect entre individus, j'ai pu affiner cette notion."
"De mon côté, avoue Célia Seillier, j'ai eu peur d'Erasmus, peur de ne pas avoir le niveau suffisant et de ne pas réussir."
Je suis fascinée par les gens qui partent. Mais je suis aussi assez fière de faire partie de la Recherche que je peux exercer dans n'importe quelle partie du monde.
Célia Seillier, docteure en Neurosciences
Pour Pierre Cajot, doctorant en sciences de l'éducation à l'Université de Rouen Normandie qui a pourtant démarré ses études à l'institut de Fribourg en Suisse, il était difficile de se projeter à l'étranger. "Je ne savais déjà pas quoi faire en France; alors, je ne pouvais pas envisager ce que je pouvais faire à l'étranger ! Et puis, je ne roulais pas sur l'or. Comment pouvais-je penser aller dans un pays comme l'Angleterre par exemple qui coûte plus cher ? Certes, il y a Erasmus qui permet un financement mais il faut pouvoir se projeter très à l'avance, et je ne peux pas."
Financer ses études reste un casse-tête
Que ce soit à l'étranger ou en France, la question du financement des études est dans tous les esprits. Pierre Derouard est étudiant en pharmacie. Il n'a pas de difficulté à travailler pour financer une partie de ses études. "Les officines de ville offrent du travail. Il est assez facile de trouver un emploi et c'est mieux payé qu'à Mac Do ! Cela permet un premier contact avec notre activité future. Cela permet de mémoriser les médicaments, d'avoir un contact avec la patientèle. Il est vivement recommandé de travailler surtout lorsqu'on aborde la troisième année."
Pour Pierre Cajot, ses premiers petits boulots de babysitter et en périscolaire lui ont donnés envie de se lancer en sciences de l'éducation. "Faute de moyens, mes parents voulaient que j'arrête en Master. Je voulais faire un doctorat mais à condition qu'il soit financé. J'ai été candidat à un projet pour lequel j'ai été retenu, j'ai pu être accompagné financièrement par le laboratoire, l'école doctorale. J'ai eu de la chance, je suis arrivé au bon moment, au bon endroit !"
Etudiante en quatrième année de médecine, Rose Leroy a toujours dû travailler pour financer ses études. "Je ne suis pas boursière. En première année, je gardais des enfants le soir et les weekend lors de mariages. En deuxième et troisième année, je faisais des PCR à la fac et en pharmacie. Aujourd'hui, je touche 200 euros par mois pour mon externat et 100 euros de la CAF. Je travaille donc sur mes congés et mes temps de stage en tant que commerciale à la "fashion week" à Paris pour y arriver."
"C'est vrai que si je n'avais pas eu besoin de travailler, j'aurais pu éviter des rattrapages et relever mes notes. Je n'ai pas eu non plus beaucoup de loisirs mais j'aime travailler !.. Ca forge, on se rend compte de la valeur de l'argent, de la vie aussi."