Habitant de Creully, dans le Bessin, Dominique Barraux a réalisé un documentaire "Des vies offertes", dans lequel il raconte le parcours d'hommes et de femmes, ayant reçu un don d'organes. Lui-même greffé du rein, il espère ainsi sensibiliser les citoyens, alors que de plus en plus de français s'y opposent.
"Des vies offertes" retracent le parcours de Karine, Luane, David et Dominique, quatre sportifs, qui voient leur vie basculer à cause d'une maladie grave. Seule une greffe d’organes peut les sauver. Chaque minute compte, alors qu'en même temps, des parents sont confrontés au décès de leur enfant. La question du don de ses organes se pose à eux.
Rencontre avec Dominique Barraux, qui présente son documentaire ce lundi 11 mars au Méliès à Bayeux, puis à l'Entracte à Falaise pour des collégiens et enfin en mai au Sénat.
Qu'est-ce qui vous a incité à réaliser ce documentaire ?
Dominique Barraux : "Le don et la greffe d'organes s'apparentent à une histoire fabuleuse. Ce sont des gens qui sont au fond de l'abîme, condamnés, avec comme seule solution, la greffe. C'est incroyable, une expérience très humaine, avec beaucoup d'incertitude, digne d'un scénario de théâtre ou de cinéma.
Je suis très sportif * et pendant mon parcours lors des jeux nationaux des transplantés, j'ai rencontré beaucoup de greffés. J'étais surpris de constater qu'ils avaient tous des histoires uniques, différentes et compliquées aussi. Cela m'a beaucoup intéressé. Je leur ai donc demandé d'écrire un texte, un fragment de leur vie, pour montrer dans le documentaire leurs carnets intimes. Chaque témoin lit son récit. C'est un donc un conte à cinq voix.
* octuple champion du monde des transplantés de tennis
Ce film, c'est avant tout pour remercier mon donneur et sa famille, qui ont accepté de me donner un rein dans un moment extrêmement difficile
Dominique Barraux, réalisateur du documentaires "Des vies offertes"
Quelle a été votre ligne conductrice ?
Dominique Barraux : Je voulais absolument éviter de tomber dans le pathos ou le côté très larmoyant. Ce n'est pas facile car c'est un sujet sensible et grave mais je voulais de l'authenticité pour amener de la profondeur. Le spectateur se retrouve à suivre au jour le jour le quotidien d'un malade et à découvrir ses interrogations. En revanche, il y a très peu de scènes médicales. On voit plutôt la nature, avec des paysages, et certaines reconstitutions pour raconter le quotidien d'un malade.
Est-ce une manière de sensibiliser les citoyens, alors que le taux d'opposition aux dons ne cesse d'augmenter ?
Dominique Barraux : Aujourd'hui, 25 000 personnes attendent et espèrent une transplantation. 5000 greffes sont réalisées chaque année. Et l'an dernier, 800 malades sont morts, faute de dons.
D'après, l’agence de la biomédecine (ABM), le taux de refus de don d'organes ne cesse d'augmenter. Nous sommes passés de 33% d'opposition en 2022 à 36,1 %, en 2023. Il y a donc urgence. Et vous savez, six fois sur dix, les freins s'expliquent par le manque d'information.
L'ABM produit des campagnes publicitaires, des fictions existent aussi et je voulais apporter ma pierre à l'édifice en réalisant un documentaire avec le point de vue des malades. La voix off permet aux spectateurs de ressentir ce que vit le malade et ainsi de mieux le comprendre.