Douze ans de réclusion ont été requis vendredi contre un homme de 52 ans, jugé à Pau pour viols et agressions sexuelles sur sa fille, entre les âges de 8 et 16 ans et demi, et qui avait consenti à un procès public, rare pour les victimes de crimes sexuels.
"Christelle attend une réponse de son père, qui n'est pas venue. Elle attend la réponse de la justice", a déclaré l'avocate générale Brigitte Delobel-Defix, en stigmatisant le déni de l'accusé qui n'a reconnu que des attouchements, "pour échapper à la peine criminelle".
"La rétractation des pères incestueux, c'est ultra-classique", a-t-elle poursuivi. "Cela veut dire qu'il ne se remet pas en cause et qu'il pourrait recommencer. En matière d'abus sexuel, la récidive c'est la règle, pas l'exception", a-t-elle soulevé, avant de demander "avec fermeté" 12 ans avec une obligation de suivi socio-judiciaire de huit ans.
Le père de Christelle est jugé depuis mercredi par la cour d'assises de Pyrénées-Atlantiques pour viols et agressions sexuelles sur sa fille, de 1994 à 2003, dans le Pays Basque et à Paris. Comparaissant libre, sous contrôle judiciaire depuis 2008, il encourt 20 ans de réclusion.
Sa fille, aujourd'hui une mère de 27 ans très fragile, après des tentatives de suicide, vit sous anxiolytiques, antidépresseurs et suivi psychologique. Elle avait stupéfait son avocate en ne demandant pas le huis clos pour le procès, comme la majorité des victimes de crimes sexuels.
"Elle a voulu le débat public pour lever le couvercle du silence qu'elle a depuis l'âge de 8 ans", a déclaré son avocate, Me Isabelle Duguet, relevant que Christelle était devenue "l'objet sexuel" d'un père, qui est "allé crescendo, en passant d'abord des DVD pornographiques à sa fille", avant les attouchements divers, puis les pénétrations.
"Ce n'est pas un père qu'on voit quelquefois, dans les dossiers d'inceste, dire +je l'aimais trop+. Nous n'avons rien entendu de cela ; il dit +j'ai dérapé+. Dérapé dans l'assouvissement de son désir", a-t-elle ajouté. "C'est un prédateur sexuel".
Experts psychiatriques et enquêteurs de personnalité ont décrit un accusé à "l'enfance noire", un fils illégitime "flagellé par son père", "non construit", et au "contrôle émotionnel verrouillé". "Il n'a pu aller au bout de la conscience de la gravité des faits", selon l'enquêtrice de personnalité Emilie Ramos.
Le verdict devrait intervenir en fin de journée.