La nouvelle carte régionale "renforce la cohérence économique interne des régions" et va donc favoriser leur croissance selon une étude de France Stratégie
Au 1er janvier 2016, la France métropolitaine (hors Corse) ne comptera plus que douze régions, au lieu de 21, 14 régions disparaissant pour se fondre dans de nouvelles entités.
Le nouveau découpage "propose des régions économiques plus cohérentes que le précédent", car "moins de départements subissent des forces centrifuges qui les éloignent de leur région", soutient l'étude publiée cette semaine par cet organisme de concertation et de réflexion placé auprès des pouvoirs publics.
Selon les trois auteurs (France Stratégie et université Paris-Dauphine), "une région est dite cohérente si moins de 25% de ses départements sont concernés par une telle force centrifuge", mesurée par l'intensité des échanges humains et économiques avec une autre région.
Le gouvernement ne s'est jamais vraiment expliqué sur le découpage qu'il avait proposé il y a bientôt un an, le 2 juin 2014, pour faire "des régions plus fortes", faisant valoir que "la carte idéale n'existe pas".
Il avait accepté un remaniement assez profond par le parlement de son projet initial, à condition de ne rattacher aucun département à une autre région que celle à laquelle il appartient aujourd'hui.
Dans le découpage actuel, explique l'étude, la force centrifuge s'exerce sur 24 départements. Ils ne seront plus que 16 l'an prochain.
En Bourgogne/Franche-Comté, trois départements sur sept regardent plutôt ailleurs: Territoire de Belfort, "qui a des liens forts avec la grande région du Nord-Est", la Nièvre et la Saône-et-Loire en raison de la localisation de Nevers et Mâcon, tout proches d'autres régions que la leur.
"Cette région se caractérise par des déplacements de travailleurs et des liens financiers relativement soutenus, mais elle ne se distingue ni par un degré d'intégration élevé, ni par une ouverture forte" sur ses voisines, estime France stratégie.
Quant au Centre-Val de Loire, au périmètre inchangé, "cette région est assez peu cohérente", car les déplacements des travailleurs entre les départements qui la composent sont "assez limités" et pour partie extérieurs à la région: les travailleurs d'Eure-et-Loir vont vers l'Ile-de-France, une part de ceux du Cher ont leur activité professionnelle en Bourgogne.
Fusionner Bretagne et Pays de la Loire, plutôt une bonne idée
Le Nord-Pas-de-Calais/Picardie est lui aussi assez hétérogène. En effet, "de nombreux résidents" de l'Oise travaillent en Ile-de-France, tandis que les propriétaires des entreprises de l'Aisne sont davantage liés à la région Alsace/Lorraine/Champagne-Ardenne.A un degré moindre, Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon présente des faiblesses. Pour les liens strictement économiques, le Gard a plus à voir avec PACA (et notamment avec le Vaucluse), et le Gers avec l'Aquitaine, fusionnée avec Poitou-Charentes et Limousin.
Au contraire, la grande région de l'Est "est parfaitement cohérente", aucun de ses dix départements ne regardant
vers une autre région, alors que c'était le cas dans l'ancien découpage pour la Meuse, le Bas-Rhin et les Vosges, souligne l'étude.
Même diagnostic pour la Bretagne, dont "aucun département" ne lorgne hors des limites régionales ni, d'ailleurs, n'attire des départements voisins. Il n'en reste pas moins qu'elle entretient "des liens assez étroits", au plan de l'actionnariat des entreprises, avec les Pays de la Loire. Selon les chercheurs, "une grande région les réunissant n'aurait pas réduit la cohérence et aurait renforcé l'intégration".
Côté Est, cette fois, la fusion de Rhône-Alpes avec l'Auvergne "apparaît très cohérente, avec des déplacements domicile-travail et des liens d'actionnariat assez forts". Un bémol, "seul le Cantal est très faiblement intégré dans la région et plus tourné vers Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon". Plus au sud, PACA, aux contours inchangés, est cohérente, "à l'exception du Vaucluse, très lié au Gard".
Selon France stratégie, réaffecter des départements confrontés à des forces centrifuges, tels que le Cantal, le Gard et l'Orne, ne serait pas une solution car "ces réaffectations créeraient de nouvelles forces centrifuges". Il vaudrait mieux, pour eux comme pour "les départements isolés", "mettre en place des politiques permettant de favoriser les liens économiques avec le reste de la région".