l'Abeille, l'Eusko, des monnaies locales qui essaiment lentement mais sûrement

Eusko, la plus utilisée. L'Abeille, la plus ancienne. Ces monnaies locales complémentaires ont inspiré de nombreux projets en France, mais pour l'instant, leur utilisation reste confidentielle. Alors que les 13e Rencontres nationales des MLC se déroulent pendant deux jours, zoom dans la région.   

La monnaie locale la plus utilisée en France, l'eusko, revendique 3.000 adhérents sur un bassin de 300.000 habitants dans les 12 cantons basques des Pyrénées-Atlantiques, soit 1% de la population visée.

"C'est peu, mais ça fait seulement trois ans qu'on est là"


Dante Edme-Sanjurjo, co-président de l'association Euskal Moneta l'assure : "On n'en est qu'aux prémices, c'est un projet sur 10-20 ans" qui requiert beaucoup d'information et de pédagogie.

Changer ses euros pour une monnaie locale complémentaire (MLC) "demande un changement
profond dans la relation à l'argent
" et dans ses habitudes de consommation, souligne aussi Françoise Lenoble, à l'origine de l'abeille, la doyenne de ces monnaies, créée en 2010 à Villeneuve-sur-lot, dans le Lot-et-Garonne.


Dans cette zone rurale, l'association dénombre quelque 160 professionnels chez qui on peut payer en abeilles et 400 adhérents, mais seulement 80 à 100 utilisateurs réguliers.

En moyenne, les monnaies alternatives qui circulent en France comptent 450 utilisateurs et 90 commerçants ou producteurs, pour l'équivalent de 26.000 euros en circulation, selon le rapport sur le sujet remis en avril 2015 au gouvernement.

Mais Françoise Lenoble insiste, ces monnaies essaiment : 

"le nombre de prestataires et d'utilisateurs est secondaire. Ce qui compte, c'est que ça prend un peu partout en France. Ca montre que ça répond à une attente des citoyens, qui ont envie de consommer autrement, avec une monnaie qui ait du sens".


Six ans après le lancement de l'abeille, une trentaine d'équivalents est née et presque autant de projets sont en gestation. Lundi prochain, la lignière sera baptisée dans le Cher, lors des 13e Rencontres nationales des MLC.

L'objectif martelé de ces monnaies locales complémentaires :
  • valoriser les circuits courts et l'économie locale,
  • éviter la spéculation et la thésaurisation,
  • désacraliser la monnaie.

De plus en plus, les collectivités locales s'y intéressent, subventionnant les projets, mettent à disposition des moyens administratifs ou adhérant aux associations.

La loi sur l'économie sociale et solidaire a aussi donné un coup de pouce. Votée en juillet 2014, elle reconnaît le statut de titre de paiement à ces monnaies et ouvre la porte à leur acceptation par le Trésor public.

L'association Euskal Moneta a ainsi entrepris les démarches pour que l'on puisse payer demain la piscine municipale, le cinéma, voire sa facture d'eau en euskos. Car la diversité des lieux d'utilisation de la monnaie est clé pour son développement.

Mais les MLC se heurtent à deux écueils
  • Pour repasser aux euros, la plupart des MLC pratiquent une pénalité parfois dissuasive.
  • Les fournisseurs ne sont pas toujours assez nombreux pour que la monnaie locale continu à circuler. 
Confronté à ces limites, les promoteurs de l'eusko voudraient lancer d'ici à fin 2016 une carte de paiement électronique, un projet lourd juridiquement et financièrement, mais qui pourrait débloquer les choses en faisant entrer davantage d'entreprises dans le projet, et augmenter le montant moyen des transactions, selon Dante Edme-Sanjurjo.
5 monnaies locales en Aquitaine
En Gironde 
Le Libournais a son monnaie:  la MIEL
En projet Dans les Landes
L’Aguais : l’Eureu gascon

Lot-et-Garonne
A Villeneuve sur Lot : l’Abeille 

Au Pays basque français : l’Eusko 
En Béarn : la Tinda
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