Application oenologique: une société bordelaise condamnée pour avoir copié un concurrent

La start-up bordelaise Kasual Business, qui avait lancé son application Winewoo, sorte de "Shazam" du vin permettant de tout connaître sur un cru en scannant l'étiquette de la bouteille avec un téléphone, a été condamnée pour avoir copié sans autorisation des données pêchées sur un site concurrent.

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L'application Winewoo avait été lancée fin 2014, avec quelque 100.000 fiches de vins référençant environ 80% de la production française. Mais une partie des informations figurant sur ces fiches avaient été "copiées-collées" sur Smartcave, un site proposant des conseils de dégustation (température idéale, cépage, durée de garde, types de plats, etc.). C'est ce qu'avait révélé la fondatrice de Smartcave, Audrey Gribelin, en annonçant son dépôt de plainte.

Audrey Gribelin avait en effet pris soin de "piéger" sa base de données avec des vins fictifs aux noms pourtant évocateurs: "Château Vieillesse Ennemie", "Château Lympiade" ou "Château Bélisque" qui figuraient tous les trois dans la liste des vins proposés par Winewoo...

Jugés par le Tribunal correctionnel de Bordeaux, Kasual Business et l'ingénieur informatique à l'origine de la copie ont reconnu une "erreur", assurant ne pas avoir conscience qu'il s'agissait d'une infraction puisque ces données étaient en accès libre et public. Et les concepteurs de Winewoo n'ont à aucun moment pénétré dans la base de données de Smartcave pour la piller, il ne s'agit que "d'une sorte de copier-coller d'informations notoires et publiques", a insisté  Me Isabelle Raffard, avocate de l'ingénieur informatique.

Le 15 juin, le tribunal a condamné l'ingénieur à 5.000 euros d'amende avec sursis et la société Kasual Business à 15.000 euros d'amende avec sursis pour "atteinte aux droits du producteur d'une base de données". "Une sanction pénale extrêmement mesurée et proportionnée" aux faits, a estimé Me Raffard.
Mais les mêmes juges, qui avaient mis en délibéré au 29 juin leur jugement au civil sur les indemnités réclamées par Smartcave, ont cette fois lourdement condamné la start-up bordelaise: 200.000 euros de dommages et intérêts!
"Ce montant n'a aucun rapport avec la réalité du dossier" et le préjudice subi 
par Smartcave, qui "réclamait un million d'euros, c'est complètement délirant!", a déploré Me Raffard, qui a fait appel de cette condamnation au civil.
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