Dans la famille Chirac, Alain Juppé préfère le mari... Si Bernadette critique le maire de Bordeaux pour promouvoir le candidat Sarkozy, Jacques, lui, reste fidèle à celui qu'il avait qualifié de "meilleur d'entre nous" et lui apporte son soutien indéfectible... diversement apprécié à l'UMP.
Dans la course pour la présidentielle de 2017 et son futur match face à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé a reçu un appui de poids en la personne de Jacques Chirac, qui a toujours considéré son ex-Premier ministre comme "le meilleur d'entre nous".
J'ai toujours su qu'Alain Juppé serait au rendez-vous de son destin et de celui de la France. Peu de choses pouvaient me faire plus plaisir, pour moi-même, pour lui et surtout pour notre pays,
déclare l'ancien président de la République (1995-2007) dans une confidence faite au chef du service politique du Figaro, Philippe Goulliaud, dans un article qui paraît ce jeudi dans ce journal.
"Si j'en avais l'énergie, j'aurais déjà réservé ma place, même petite, à son QG" de campagne, ajoute M. Chirac, qui est toujours très apprécié des Français, selon les sondages, mais dont les apparitions en public et les prises de parole sont très rares en raison de ses ennuis de santé. En privé comme dans ses anciennes déclarations publiques, Jacques Chirac n'a jamais tari d'éloges pour Alain Juppé - qui s'est récemment déclaré candidat à la pimaire de 2016 pour la présidentielle de 2017 - alors qu'à l'inverse, il voue une détestation très forte à celui qui lui a succédé à l'Elysée, Nicolas Sarkozy.Un soutien diversement apprécié à l'UMP
"C'est une excellente chose que l'ancien président apporte son soutien à Alain Juppé", s'est félicité l'ex-ministre Benoist Apparu, l'un des lieutenants du maire de Bordeaux.Si Benoist Apparu s'en félicite, le soutien apporté par Jacques Chirac à Alain Juppé pour 2017 a été diversement apprécié à l'UMP :
- entre la bienveillance de François Fillon et Hervé Mariton...
- et l'agacement manifeste de Bruno Le Maire et Geoffroy Didier.
Les "bienveillants"
"Chacun connaît les liens qu'il y a entre Jacques Chirac et Alain Juppé qui sont très étroits. Jacques Chirac a toujours considéré Alain Juppé comme son fils. Il n'y a rien d'anormal à cela, au contraire", a réagi l'ancien Premier ministre François Fillon, candidat déclaré à la primaire de 2016 face à M. Juppé, sur France Inter."Il y a une fidélité entre les deux hommes et la fidélité, c'est important en politique", a renchéri Hervé Mariton.
"On voit bien qu'il y aura plusieurs postulants à l'élection présidentielle. Il nous faut donc une procédure pour choisir, cela s'appelle les primaires. Il faut que cela se passe bien et c'est pour cela que président de l'UMP, je ne serai pas candidat aux primaires. C'est la seule façon pour que ça se passe bien", a plaidé le député de la Drôme.
Les "agacés"
La sortie de M. Chirac a été accueillie avec plus de circonspection par les soutiens de Nicolas Sarkozy. "Si je me fie à l'humour corrézien dont il a su faire preuve afin, dit-on, de faire élire François Hollande, je me dis que ce n'est pas une bonne chose", a réagi sur i>TELE Geoffroy Didier, cofondateur du courant sarkozyste La Droite Forte.Même agacement manifeste chez Bruno Le Maire, candidat à la présidence de l'UMP face à MM. Sarkozy et Mariton. "Tout ça donne le sentiment de tourner en rond (...)On se fiche de savoir qui aime qui et qui est avec qui", a-t-il réagi au micro de Sud Radio.
Bernadette préfère Nicolas...
La déclaration de Jacques Chirac intervient quelques jours après une pique assassine de son épouse, Bernadette, contre le même Alain Juppé. "Ilest très, très froid et il n'attire pas les gens", a-t-elle lâché lundi au micro d'Europe 1. "Qu'est ce qu'Alain Juppé a à voir avec Nicolas Sarkozy ? (...) Alain Juppé peut courir avant de faire des succès comme ça, sur les planches", a ajouté celle qui n'a d'yeux, contrairement à son mari, que pour Nicolas Sarkozy.
Piqué au vif, le maire de Bordeaux avait répliqué que M. Chirac lui avait récemment "confirmé son jugement, qu'(il) était +le meilleur d'entre nous+". Avant de souligner que lui rencontrait "tous les trois-quatre mois" l'ancien hôte de l'Elysée. Sous-entendu contrairement à Nicolas Sarkozy, dont les relations
avec Jacques Chirac -qu'il avait qualifié pendant son quinquennat de "roi fainéant"- sont de longue date exécrables.
"Je voterai Hollande"
Selon Le Canard Enchaîné daté de mercredi, Nicolas Sarkozy, qui vient de faire son retour en politique en annonçant sa candidature à la présidence de l'UMP avec 2017 en ligne de mire, aimerait que Bernadette Chirac lui organise une rencontre avec son époux. "Nicolas Sarkozy veut absolument se réconcilier avec mon mari. Il fait le forcing pour que je lui organise un rendez-vous avec Jacques. Il m'a même dit qu'il était prêt à le voir en cachette n'importe où", aurait déclaré l'ex-Première dame à des interlocuteurs, selon l'hebdomadaire satirique, qui ajoute que c'est leur fille Claude, farouchement opposée à M. Sarkozy, qui ne veut pas d'une telle rencontre.Sur France 2 le 21 septembre, M. Sarkozy avait adressé un compliment à M. Chirac qui a "consacré (sa) vie à la France". Ce n'est pas la première fois que Jacques Chirac tacle ainsi Nicolas Sarkozy. En juin 2011 déjà, à un an de la la présidentielle, il avait lâché, à la fureur des sarkozystes et pour le plus grand bonheur de l'intéressé, présent à ses côtés: "Je peux dire que je voterai Hollande !"
Si tout le monde n'a retenu que ce soutien au futur candidat socialiste à la présidentielle, M. Chirac précisait toutefois déjà: "sauf si Juppé se présente
parce que j'aime bien Juppé". "Le meilleur d'entre nous" encore et toujours...