Les découvertes de cadavres de dauphins se multiplient en Charente-Maritime. Conséquences des vents violents et des forts courants qui ramènent plus facilement leur corps, mais aussi de la saison de la pêche, selon un assistant ingénieur au centre des mamifères marins de la Rochelle.
De nombreux dauphins s'échouent sur les plages de Charente-Maritime ces derniers jours : un corps à l'Île de Ré vendredi et un autre mardi à Saint-Trojan, dans l'île d'Oléron. Deux corps de dauphins ont aussi été trouvés jeudi, au sud de la Pointe espagnole, sur la commune de La Tremblade.Pour Fabien Benaret, assistant ingénieur au centre des mamifères marins de la Rochelle, ces macabres découvertes n'ont rien d'"inhabituel". En hiver, les vents violents et la force des courants charrient plus facilement les corps des dauphins morts au large.
Conséquence de la saison de la pêche
"Près de 60% des animaux retrouvés présentent des traces de captures", estime Fabien Benaret qui insiste sur leur caractère "accidentel". Les pêcheurs ont en effet aucun intérêt à capturer des dauphins : ces mamifères d'1 m 50 de long pesant entre 80 et 110 kg peuvent endommager leurs filets.Depuis 2011, les pêcheurs ont l'obligation de déclarer ces "prises associées" pour aider les scientifiques à décompter les cadavres de ces espèces protégées. Mais la plupart n'ose pas se manifester par peur des représailles.
"Nous essayons de faire comprendre aux pêcheurs qu'ils n'ont rien à craindre des autorités, raconte Fabien Benaret. Nous savons pertinennement qu'ils ne capturent pas volontairement des dauphins".
Les chalutiers pélagiques, ces bateaux dont les énormes filets multiplient les capacités de capture, ne peuvent éviter d'attraper au passage des mamifères protégés, rappelle notamment l'assitant ingénieur de l'observatoire Pelagis de La Rochelle.
"Nous avons tenté de mettre en place ce que l'on appelle des "pingers", des répulsifs accoustiques sur les chalutiers pour éloigner les dauphins", explique Fabien Benaret. Problème, ce dispositif - qui coûte parfois plusieurs milliers d'euros - est à la charge des pêcheurs et les pouvoirs publics ne semblent pas vouloir mettre la main au porte-feuille.
Il est donc à craindre de nouveaux cadavres de dauphins sur nos côtes d'ici la fin de la saison de la pêche.