C'est devenu une denrée rare. Temps partiels imposés, petits salaires et grandes responsabilités. En milieu rural, les maires peinent à recruter des secrétaires de mairie. Illustration en Charente-Maritime.
"Mairie de Thors, bonjour." Dans ce village de 470 habitants, sa présence est essentielle. À 65 ans, Bernard Morin a décidé de reprendre du service plutôt que de profiter de sa retraite.
Depuis un an, la commune de Charente-Maritime n’a pas trouvé de nouveaux candidats pour remplacer sa secrétaire de mairie. Alors, Bernard Morin a accepté de prêter main forte à la mairie : "Je connais tout le monde et Monsieur le maire et moi, ça s'est toujours bien passé. Donc, j'ai dit OK", explique le retraité.
La présence de Bernard Morin n'est que provisoire, mais elle soulage le maire de la commune, Fabrice Renaud, dont l'offre ne trouve pas preneur : "Aujourd’hui, ce n’est pas un temps plein que l'on propose, seulement 20 heures, explique l'édile. Donc, il faut trouver une autre mairie pour compléter. C’est là que le bât blesse."
Gestion administrative, comptabilité, accueil des administrés... Les secrétaires de mairie ont de multiples casquettes et, pourtant, leur salaire ne suit pas toujours. Les moins diplômés débutent au SMIC pour un temps plein : soit un peu moins de 700 euros pour un contrat de 20 heures hebdomadaires, sans compter les primes.
72% de départ à la retraite dans les 10 ans
À Cabariot, toujours Charente-Maritime, en revanche, la mairie vient d'engager un nouveau secrétaire en CDI. Sa prédécesseur a décidé de partir à la retraite.
"C’est un travail qui me passionne", s'enthousiasme déjà Gérard Favre, qui ne pouvait pas mieux tomber. Le maire, Christian Branger, l'assure : "C'est indispensable d'avoir deux secrétaires de mairie à Cabariot. Avec 1400 habitants, on a beaucoup de dossiers à régler."
Cette pénurie risque de s'aggraver dans les années à venir. Selon le ministère de la fonction publique, 72% des secrétaires de mairie partiront à la retraite d'ici 2032.