La crise sanitaire perturbe l'organisation des grands rassemblements des communautés de gens du voyage. Dans le pays royannais, certains redoutent des arrivées en petits groupes, moins encadrées et donc plus difficiles à gérer.
Elles sont arrivées dimanche sur le terrain de sport de La Tremblade (Charente-Maritime), sans être ni attendues, ni bienvenues. Une vingtaine de familles se sont installées avec leur caravane, sans autorisation ; toutes appartiennent à la mission "Vie et Lumière" de la communauté des gens du voyage. Sans reconnaître clairement le caractère illégal de leur présence, leur représentant, le pasteur Etienne Edel, se justifie ainsi : "il n'y a pas de terrain ici".
Pas de terrain ? Le vice-président de la communauté d'agglomération Royan Atlantique, en charge des gens du voyage dément. "La mairie leur a proposé des terrains de grand passage disponibles ; ils ont refusé ces propositions" explique Didier Besson, rappelant que la CARA possède cinq terrains destinés à l'accueil des gens du voyage. Réponse du pasteur Edel : "c'est notre vie d'être sur la route mais on a des enfants et des vieillards avec nous ; la municipalité devrait se mettre à notre place", allusion à peine voilée au mauvais état de certains lieux proposés par les municipalités.
Zéro demande cette année
Une arrivée impromptue d'un petit groupe isolé comme à La Tremblade est une situation qui pourrrait se reproduire ces prochaines semaines. En raison de la crise sanitaire due au coronavirus, les gens du voyage ont en effet l'interdiction cet été de se réunir en très grand nombre, comme ils ont l'habitude de le faire au moment de fêtes religieuses.
Très prisé des gens du voyage, le pays royannais avait receptionné l'an passé quatorze demandes d'autorisation ; "on en avait accepté douze, mais cette année on n'en a reçu aucune" détaille Didier Besson. La crainte de voir des communautés "se poser un peu n'importe où" est donc bien réelle. "Cela va se faire de façon d'autant plus anarchique que les grands rassembleurs ne sont pas dans le coup cette année. Au lieu d'avoir 200 caravanes d'un coup, on va en avoir 4 fois 50 ou 10 fois 20", affirme-t-il.
La situation sera donc suivie de très près ces prochaines semaines. Les gens du voyage installés à La Tremblade envisagent eux de rester une dizaine de jours sur le terrain de sport, à moins que les autorités en décident autrement. Le maire de la commune Laurence Osta Amigo a transmis à la préfecture de la Charente-Maritime une demande d'expulsion. La décision du tribunal administratif est attendue au plus tard mercredi matin.
Reportage de Frédéric Cartaud et Laurent Pelletier :