Pour éviter un potentiel reconfinement de l'île, qui serait une catastrophe pour l'économie locale très dépendante du tourisme, un arrêté municipal pourrait prochainement imposer le port du masque dans la principale artère de la commune.
Alors que s'annoncent plusieurs jours de très fortes chaleurs en fin de semaine, de nombreux vacanciers se ruent dans les bacs de la côte atlantique. Dans leur ligne de mire, des oasis de fraîcheur par-delà les embruns. Et parmi ces destinations phares se trouve l'Île d'Aix, à 20 minutes de bateau de Fouras en Charente-Maritime.Et qui dit grande quantité de voyageurs dit aussi promiscuité. Alors depuis le 11 mai dernier, le port du masque est obligatoire à bord de toutes les navettes Fouras-Aix, afin d'éviter la dispersion du virus à bord malgré l'aération très intense sur le pont.
Un port du masque qui ne semble pas gêner les passagers. "On ne le vit pas comme une contrainte si ça peut permettre de stopper le virus", explique ainsi Stéphanie Moncomble. Cette vacancière venue de région parisienne précise d'ailleurs que porter le masque dans les transports "est presque devenu une habitude" pour elle.
Porter le masque, "pas très grave" après deux mois et demi de confinement
Pour Sylène Grul, une autre passagère, le port obligatoire du masque "est super important, et me rassure personnellement". "On a été deux mois et demi confinés, donc c'est déjà bien qu'on puisse sortir. Alors porter le masque, ce n'est pas très grave", relativise-t-elle.Pourtant, et comme le note un grand nombre d'experts, un certain relâchement est constaté dans l'application des gestes barrières par les Français. Ce que confirme Thierry Giraudeau, capitaine du bateau :
Une relative insubordination qui se mue en une certaine insouciance une fois les pieds posés sur le plancher des vaches. "Certains retirent le masque dans l'espace portuaire, où il est pourtant recommandé, dès qu'ils descendent du bateau", déplore le nouveau maire de la commune d'Île-d'Aix Patrick Denaud.Des gens respectent les consignes, certains sont récalcitrants et enlèvent le masque une fois à bord. Mais ce n'est pas une majorité de personnes. Je n'ai pas les moyens autoritaires pour l'imposer, je ne peux que répéter les consignes.
Eviter le reconfinement de l'île à tout prix
Car sur l'île, la possibilité d'un reconfinement hante les esprits, et la municipalité envisage de passer à la vitesse supérieure comme à La Rochelle et Rochefort :On va peut-être mettre en place dans la rue principale un arrêté pour que les gens y portent le masque. On a eu une suspiscion de Covid, qui s'est révélée heureusement négative. Si les restaurants devaient fermer, ce serait une catastrophe.
L'économie de l'île, qui attire chaque année 250 000 visiteurs, dépend à 75% des commerces et des services. Alors pour sauver leur saison tout en évitant le scénario du reconfinement, les commerçants redoublent d'efforts : port du masque bien-sûr, mais aussi désinfection des tables et gel hydroalcoolique à disposition.
Le gel hydroalcoolique est d'ailleurs devenu un des meilleurs alliés des restaurateurs. "A chaque fois qu'on se passe quelque chose, comme une carte bleue ou une carafe, on se "pschitte" les mains", détaille Audrey Potigny, co-gérante du restaurant "L'Insulaire". "On incite les gens à le faire, et ils jouent bien le jeu il faut dire", complète-t-elle.
Alors que le taux de reproduction du Covid-19 est en moyenne de 1,29 en France (hors Outre-Mer), il s'établit à 1,51 en Nouvelle-Aquitaine selon la Direction générale de la Santé. Alors plus que jamais, les gestes barrières doivent être respectés pour éviter un nouveau pic épidémique.