Régulièrement, les ostréiculteurs se font subtiliser leurs productions d'huîtres. À l'approche de la période charnière des fêtes de fin d'années, le phénomène s'intensifie. En plus des patrouilles de gendarmerie, les producteurs investissent dans des dispositifs novateurs.
À l’approche des fêtes, le scénario se reproduit chaque année. Partout en France, les huîtres sont volées. La Charente-Maritime, premier département ostréicole, n’y échappe pas. Début novembre, c’est un ostréiculteur de l’Ile de Ré qui en a fait les frais. Il s’est vu subtiliser 3 tonnes du précieux coquillage. Une perte qui représenterait 20 000 euros.
"Cette année, la production est un peu moins bonne. Il y aura un peu moins de numéros phares (comme les numéros 3, le type d’huître le plus prisé, NDLR)", explique Philippe Menadier, producteur à Chaillevette (17). Moins d’offre et une demande qui reste très forte, une raison suffisante pour expliquer le récent vol sur l’Ile de Ré ? Pas réellement pour l’ostréiculteur. "C’est un problème récurrent. Tous les ans, c’est pareil", pointe Philippe Menadier. Potentiellement, le manque à gagner est énorme. Les huîtres revendues en fin d’année représentent environ 50 % de sa production et sont le fruit de 3 ou 4 années de travail.
Contre les vols, une huître connectée
Ces vols en grosse quantité ne sont généralement pas l’œuvre de particuliers, mais plutôt d’autres ostréiculteurs ou de revendeurs. Car pour cela, il faut être parfaitement équipé. Pour se protéger, Philippe Menadier a dû investir dans du matériel de surveillance. Le bâtiment où il entrepose ses huîtres est équipé de caméras de surveillance et d’alarmes. Des dispositifs de sécurité classiques impossibles à mettre en place autour d’un parc à huîtres, en pleine mer.
Donc pour protéger ses coquillages au plus près, il utilise également une huître connectée qu’il glisse dans les poches emplies de vraies huîtres. Celle-ci envoie un signal GPS et permet donc de localiser – au mètre près - les mollusques dérobés. "Nous recevons également des données météorologiques, afin de faire un accompagnement le plus complet possible en aquaculture", glisse également Emmanuel Parlier, président de Flex Sense, la start-up à l’origine de l’huître connectée.
À présent, grâce à un partenariat avec une assurance, les ostréiculteurs utilisant la technologie de Flex Sense peuvent même faire assurer leurs huîtres contre le vol. "C’est bien souvent une arme de dissuasion, les ostréiculteurs communiquent sur le fait qu’ils sont dotés de notre technologie pour éloigner les voleurs, assure Emmanuel Parlier, par ailleurs expert judiciaire en aquaculture. D’autres veulent au contraire ne rien dire pour prendre les voleurs la main dans le sac !"
La gendarmerie maritime aux aguets
C’est également ce que souhaite la gendarmerie maritime : prendre les cambrioleurs d’huîtres sur le fait. Pour cela, de jour comme de nuit, la gendarmerie multiplie les patrouilles près des parcs à huîtres. "Nous avons une embarcation qui nous permet de faire des surveillances au plus près des parcs à huîtres et d’aller à la rencontre des ostréiculteurs", indique l’adjudant-chef, Christophe Laferrière, Commandant des brigades nautiques de gendarmerie de La Rochelle et La Tremblade.
Afin d’effectuer cette surveillance le plus efficacement possible, la gendarmerie se dote progressivement de technologies avancées, comme des lunettes de vision nocturne. De quoi contrôler les ostréiculteurs afin de s’assurer qu’ils sont sur la bonne parcelle avec la bonne marchandise. Une mesure dissuasive pour les voleurs. Mais pas tous. Selon LCI, chaque année en Charente-Maritime, jusqu’à environ 10 tonnes d’huîtres sont volées, dans la période des fêtes de fin d’année. Anecdotique sur les 45 000 tonnes de production totale, mais un réel coup dur pour les ostréiculteurs touchés.