La découverte ce 18 février dans le golfe de Gascogne d'un dauphin mutilé et scarifié avec l'inscription "Sea Shepherd PD" attise les tensions entre pêcheurs et défenseurs de la cause animale. La profession condamne cette mutilation et défend les mesures qu'elle expérimente pour limiter les captures accidentelles.
"Notre objectif, c'est de trouver une solution pertinente pour limiter absolument les captures accidentelles, et permettre que l'activité pêche puisse continuer à ramener du poisson frais tous les jours pour les consommateurs." Le ton est calme, le propos mesuré, le représentant des pêcheurs rochelais Julien Lamothe, président de l'organisation de producteurs FROM Sud-Ouest, tient manifestement à apaiser les tensions liées à la découverte puis à l'exposition d'un dauphin mutilé et scarifié ce week-end du 18-19 février.
Exaspération montante
Les pêcheurs condamnent l'acte de mutilation pratiqué sur le dauphin retrouvé flottant dans le golfe de Gascogne. Sea Shepherd a déposé une plainte après la macabre découverte. Les deux camps attendent les conclusions de l'enquête et défendent leurs positions.
"Si on dérange, c'est qu'il y a vraiment un gros problème avec la pêche en France" déclarait ce dimanche Natasha, activiste de Sea Shepherd France, devant les dépouilles exposées dans le port de La Rochelle.
Pour Julien Lamothe, Sea Shepherd continue à mettre la pression au niveau médiatique, alors que la profession essaie de trouver des solutions : "Les équipements en balises pour repérer les dauphins vont être étendus aux bateaux de moins de 12 mètres. Et plus de 200 bateaux vont être équipés de dispositifs répulsifs" plaide-t-il.
Des mesures insuffisantes ?
Ces mesures, les pêcheurs n'y étaient pas favorables. Ce sont les incessantes dénonciations d'associations de défenses des animaux telles que Sea Shepherd qui les ont contraints a s'y résoudre.
Une loi les oblige à déclarer en préfecture les prises de dauphins dites "accidentelles". Mais seules 1,5 % des prises sont déclarées selon Sea Shepherd, qui estime que 10 000 dauphins sont pris chaque année dans les filets des chalutiers sur les côtes françaises.
L'avocat de l'association Sea Shepherd, Jean Tamalet estime que "la bonne solution, c'est de revoir complètement nos techniques et nos zones de pêche. Et de réfléchir à la consommation excessive de poissons."
Il espère aussi que les représentants des parquets saisis vont progressivement accorder de l'importance à ces affaires. Actuellement, Sea Shepherd a une centaine de procédures en cours concernant des dauphins retrouvés morts, victime de la pêche. Ces procédures donnent lieu à très peu de poursuites, et encore moins de condamnation jusqu'à présent.
Reportage d'Olivier Riou avec Éric Vallet