"Elles s’entraident, c’est un échange" : victimes autrefois de violences conjugales, elles aident aujourd'hui celles qui en ont besoin

Depuis deux ans, l'association AVVIF 17 à La Rochelle propose une formation particulière : mettre en relation d'anciennes victimes de violences conjugales et des personnes actuellement en détresse dans leur couple pour les aider à se sortir de leur situation. Un processus gagnant pour les deux parties.

Comment détecter, agir et surtout réagir, quand on est en contact avec une personne victime de violences conjugales ? Depuis deux ans, l'association AVVIF 17 basée à La Rochelle propose ses services pour aider les personnes violentées dans leur couple.

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Dans cette association, on retrouve des femmes de toutes catégories socioprofessionnelles. Leur point commun : elles ont eu un compagnon brutal. Les unes sont venues témoigner, les autres comprendre et apprendre. "On fait de la pair-aidance. Des personnes qui ont connu un parcours de violence viennent en aide à des personnes en difficulté. Tout le monde s’entraide, c’est un échange. L’ancienne victime dans sa phase de construction va mettre du sens sur ce qu'elle a vécu, et puis l’autre personne a besoin d’être entendue sans jugement avec quelqu'un qui a vécu la même chose", résume Julie Quintel, présidente de l'association.

On est sur un accompagnement qui va être dans l’écoute, le non-jugement, vulgariser le discours juridique quand on a affaire à un avocat, et expliquer avec des mots simples la procédure juridique.

Julie Quintel

Président de AVVIF 17

Parmi ces femmes, on retrouve Virginie. Pendant quatre ans, elle a été victime des violences de son ancien compagnon. Aujourd'hui, elle s'est sortie de cet environnement malsain. "Il y avait un isolement, donc j’étais seule. Quand j'ai réussi à en sortir, je me suis rapproché de ma famille qui m’a accompagné dans toutes mes démarches. J’ai mis deux trois ans pour retrouver le sourire, de l'assurance, de la confiance en moi. Aujourd'hui, c’est ce que je transmets dans cette association."

L’auteur va mettre la personne sous emprise, et ça passe par l’isolement, la dévalorisation, la déshumanisation, pour qu’elle ait l’impression de ne pas exister. 

Virginie

Victime de violences conjugales pendant quatre ans

Virginie fait de la prévention auprès des femmes victimes de violences conjugales. Elle a mis en place des ateliers de peinture, de bien-être, pour apporter un peu de légèreté dans l'association. "Je fais de la prévention. On aide les autres, on permet aux personnes de se sentir écoutées, entendues. Il n'y a pas de jugements. On est là pour aider la personne dans tout son processus, quel que soit le niveau de violences qu’elle subit."

"On croit que c'est de l'amour, mais c'est faux"

Chaque année en France, on compte entre 200 et 250 000 victimes de violences conjugales. Point commun de ces femmes : le doute. Dans leur tête, c’est le bourreau qui a raison et ce sont elles qui ont tort. Un environnement toxique et un processus mis en place par la personne violente. "Ce schéma, l'auteur travaille sur sa victime en s'excusant de ses actes, mais ça va être progressif jusqu'au moment où la victime va intégrer et valider l’information : “je suis responsable de ce qu’il fait parce que c’est moi qui l’ai provoqué. Donc, il a raison.”

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Virginie affirme que sur le coup, la personne violentée pense qu'elle aime son compagnon, mais c'est une illusion. "C’est très particulier, on pense que c’est de l’amour, de la passion. Tout est faux. Quand on prend du recul, on s'aperçoit que ce n’est pas de l'amour. La personne essaie de créer une addiction à des mots qu’on a besoin d’entendre, mais ça part d’un schéma traumatique issu de l’enfance."

Plusieurs formations chaque année sont mises en place par le réseau solidaire AVVIF 17.

En 2023, 94 féminicides ont été commis en France.

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