"Le bio, ça ne fonctionne plus comme avant" : une ferme de Charente-Maritime risque la fermeture à cause de grosses difficultés financières

Depuis trois ans, la ferme du Treuil Charré, en Charente-Maritime, connaît de grosses difficultés financières et risque de mettre la clé sous la porte. Les enfants des propriétaires ont donc décidé d'ouvrir une cagnotte en ligne pour éviter un arrêt de l'exploitation.

La ferme du Treuil-Charré, se trouvant à Saint-Christophe, non loin de la Rochelle, ne vit pas ses meilleurs moments ces dernières années. Depuis 2020, les propriétaires de la ferme enchaînent des épisodes difficiles. Prenant à cœur les problèmes financiers de leurs parents, les trois enfants des fermiers ont décidé, en dernier recours, de créer une cagnotte en ligne pour les aider à payer leur déficit.

Tendance du bio en berne

De l'ouverture de la ferme en 2008, avec 4 000m² de jardin, jusqu'en 2020 avec 3,7 hectares de terrain, tout se passait bien. Sans même modifier leurs méthodes, les fermiers sont passés à l'agriculture biologique vers 2015. "Pendant sept ans, on faisait de l'agriculture naturelle, mais pour prouver qu'on faisait du bio et pour lutter contre certaines dérives, on a demandé le label", confie le propriétaire de la ferme, Jérôme Bourdeau.

Un label qui plaît aux consommateurs qui se tournent de plus en plus vers l'agriculture responsable, en achetant des fruits et légumes biologiques et locaux. Une tendance qui s'est confirmée lors des confinements liés à la pandémie du Covid-19. "On avait une trentaine de personnes qui faisait la queue devant notre ferme". Mais cette impulsion n'a été que de courte durée. La baisse du pouvoir d'achat et l'inflation ont eu raison de l'alimentation biologique, trop chère pour beaucoup de clients. "On a perdu beaucoup de clients, d'autres reviennent régulièrement, mais ils prennent des plus petits paniers".

Sécheresse et inondations

Un coup dur qui ne sera malheureusement pas le dernier. Stéphanie Bourdeau, propriétaire de la ferme avec son conjoint, subit une opération du dos à cause de son ancien métier de caissière. Fragile de l'épaule et s'occupant de la vente directe, elle ralentit le rythme. Les pertes de revenus se font déjà ressentir, mais ce n'est pas sans compter sur les nombreux épisodes de sécheresse qui touchent la région depuis plusieurs saisons, la vandalisation d'un hectare de leur terrain durant l'été 2023, représentant 30 000 euros de dégâts, et les inondations à répétition ces derniers mois.

"On essaye de diversifier notre offre, on propose 80 variétés de fruits et légumes, mais on fait aussi du dépôt-vente avec de la viande, du miel, du savon, des bières ou encore des sirops", raconte le fermier. Malgré cette diversification de l'offre, le déficit grandit peu à peu. Mais les banques ne veulent pas les suivre pour le financer. "On a deux salariés à temps plein et un saisonnier, on se retrouve sans solution". La seule serait de vendre la ferme et arrêter l'exploitation.

Une cagnotte en dernier recours

Mais les enfants des propriétaires, ainsi que leur belle-fille, ne l'envisagent pas un seul instant. C'est pourquoi, il y a quelques jours, vendredi 2 février, ils ont décidé, en dernier recours, de créer une cagnotte en ligne pour aider financièrement leurs parents. "On s'est dit, qu'est-ce qu'on peut faire à notre échelle... L'idée d'une cagnotte est venue rapidement, on pense que c'est la solution la plus viable, tout le monde peut participer", explique Dorine, la belle-fille des fermiers. Ils ont été très touchés par l'initiative, mais craignent que leur histoire ne touche pas les gens.

Depuis vendredi, la cagnotte a rassemblé déjà près de 800 euros. "C'est très récent, la ferme était ouverte seulement samedi. Dès cette semaine, on pense et espère que les clients réguliers vont s'allier à notre cause", confie Dorine. Les fermiers gardent alors espoir pour que leur exploitation continue de vivre. Il leur faudrait un peu plus de 30 000 euros pour remonter la pente.

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