Cela aurait dû être une journée festive sur le vieux port de La Rochelle. Mais la crise sanitaire a privé Yannick Bestaven du retour triomphal qu'il méritait. Ils étaient pourtant nombreux finalement à braver le froid pour accueillir le vainqueur du Vendée Globe vendredi après-midi.

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Dans tous les livres d'aventure de notre enfance, on appelle ça "l'épilogue". L'histoire fut haletante, passionnante et on se languissait, page après page, d'en connaître enfin le dénouement. Et puis, à la fin donc, ou après la fin plutôt, l'auteur gratifie le lecteur de sa patience et de son enthousiasme par un ultime sas de décompression. Le héros lui-même peut enfin lâcher prise. Car, comme dans toute aventure, un jour, il faut bien rentrer à la maison. Pour Yannick Bestaven, c'était aux alentours de 15 heures ce vendredi 12 février. Un épilogue froid mais heureux.

La veille, son ami d'enfance, Arnaud Boissières alias "Cali" avait bouclé son quatrième tour du monde et, visiblement, les deux potes d'Arcachon ont fêté ça comme il se doit aux Sables d'Olonne. Ce matin, au large du port des Minimes, c'est un marin fatigué qui rentrait donc au port.

Après quinze jours d'obligations médiatiques, le skipper rochelais retrouve enfin sa ville d'adoption. La pandémie ne s'est pas calmée le temps qu'il fasse le tour de la planète, alors la Préfecture de Charente-Maritime ne souhaitait pas faire trop de publicité autour du "retour du héros". Il y avait pourtant quelques bateaux sur l'eau pour l'accueillir ainsi qu'une centaine de Rochelais le long du chenal. Pour le skipper, il était forcément symbolique de faire ces trente derniers miles nautiques à bord de son soixante pieds. 

La Rochelle a été la Mecque de la course au large pendant des années. Le plan d’eau est super pour s’entraîner et il y a beaucoup d’entreprises de pointe installées à La Rochelle dans le nautisme. La ville est super jolie, agréable et ça fait vingt et un an que je n’ai pas bougé. C’est le début du sud-ouest, c’est la grande Aquitaine. Je voulais faire cette navigation parce que ça me permet aussi de remercier mon bateau et toute l’équipe qui a bossé avec moi, donc je tenais à être à bord pour ramener le bateau à La Rochelle. On est parti mi-octobre, on revient mi-février et il s’est passé pas mal de chose.

Yannick Bestaven, skipper de "Maître CoQ"

"Pas mal de choses", certes. Evidemment, il y a forcément un léger décalage entre le protagoniste de l'histoire et les spectateurs. "C’est pratiquement surhumain pour moi. C’est une aventure merveilleuse et ça doit être génial pour lui d’être accueilli aujourd’hui par une ville qui l’a adopté", dit un des supporters qui a fait le déplacement. "On était là au départ donc on est là à l’arrivée. Ils nous a fait voyagé alors que nous on ne peut pas ! C’est un bel exemple", explique une jeune femme emmitouflée dans sa parka. 

Il est clair que La Rochelle, ville de marins, n'a pas tous les jours l'occasion de succomber à un peu de chauvinisme. Bien sûr, le maire de la cité huguenote, Jean-François Fountaine, fût un temps précurseur en multicoque sur la scène internationale de la course au large. Bien sûr, Isabelle Autissier reste une figure oh combien emblématique de la voile, ainsi que, plus récemment, Charline Picon aux Jeux Olympiques. Mais le vieux port avait quelque peu disparu du décor depuis une vingtaine d'années. Alors "Yaya", comme l'appelle les Rochelais, et cette victoire dans la plus belle des courses, c'est une véritable fierté "nationale".

Je suis Yannick Bestaven depuis le départ avec beaucoup de passion (..) il n’avait quand même pas un bateau des plus performants, il n’était pas annoncé comme favori. Je suis fière que ce soir un Rochelais qui gagne et c’est une victoire qui va provoquer beaucoup de choses sur le développement du nautisme dans la région.

Une supportrice venu accueillir Yannick Bestaven

Le voilier est bien amarré en face de l'aquarium. Les officiels congratulent le héros. Lui pense déjà à cette semaine de vacances qui l'attend avec sa famille sur le bassin d'Arcachon. Viendra ensuite le temps du debriefing "autour d'une bouteille de genepi" dans les Alpes avec toute l'équipe, histoire de prendre un peu de hauteur sur l'événement. Le prochain Vendée Globe, c'est en 2024. Une autre histoire. Pour l'heure, il est grand temps de savourer ce happy end et de refermer le livre. C'était une belle aventure. 

Valérie Prétot a recueilli les réactions des supporters du skipper rochelais :

Yannick Bestaven était en direct dans votre édition régionale du 19/20 :

 

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