L'avis favorable de l'Etat donne le feu vert à la création du parc naturel régional du littoral charentais. Les 67 communes concernées, toutes situées en zone humide, vont désormais rédiger la charte du parc.
La Charente-maritime, ses plages, ses églises romanes... et désormais, ses marais ! Souvent dénigrés, ils sont pourtant essentiels à la biodiversité et à l'économie du territoire. En projet depuis 2016, la création d'un parc naturel régional sur les marais du littoral charentais vient de franchir un cap : l'État a rendu un avis favorable en août 2024, à la suite de la région Nouvelle-Aquitaine qui l'avait actée dès décembre 2023.
Où sera le futur parc ?
Le parc naturel régional (PNR) sur les marais du littoral charentais sera un organisme de concertation entre les élus, les acteurs socio-économiques et les associations. Pour le maire de Loire-les-marais (17), Eric Recht, "c'est une formidable opportunité d'apprendre à évoluer au sein du marais, de développer les activités au sein du marais pour permettre à ce marais de continuer à vivre et nous faire rêver."
Le projet est porté depuis huit ans par la communauté de communes de Marennes Oléron, la communauté d'agglomération de Rochefort Océan (CARO) et celle de Royan Atlantique (CARA). Il a séduit 67 communes du littoral et de l'arrière-pays, de Saint-Vivien à Meschers-sur-Gironde, du Nord au Sud.
Quelques incertitudes demeurent quant au périmètre : les zones très urbanisées comme Royan, Vaux-sur-Mer, Saint-Palais et Rochefort seront-elles parties prenantes ? D'autres villes, comme Chatelaillon, ont fait part de leur intérêt.
Valoriser une zone humide
L'objectif d'un parc naturel régional est de protéger l'environnement, de développer l'attractivité touristique, mais aussi d'avancer vers un aménagement paysager cohérent et de mener des actions culturelles. "Le fait de fédérer au sein d'un marais permet de partager des pratiques, de mutualiser les moyens, d'avoir des idées qu'on n’aurait peut-être pas trouvées ailleurs", explique Eric Recht, le maire de Loir-les-Marais, petite commune de 400 habitants, située au nord de Rochefort.
Le parc sera un moyen de valoriser les marais charentais face au défi que représente le changement climatique. D'une surface de 1 311 km², il correspond à une immense zone humide connectée à la mer via les estuaires de la Charente, la Seudre et la Gironde. Cet écosystème fragile a longtemps été ignoré par les politiques publiques alors qu'il abrite une biodiversité importante. Il capture le CO2 et sert de tampon en cas d'inondations. Par ailleurs, ces marais, exploités par l'homme depuis le IXᵉ siècle, sont des zones cruciales pour l'ostréiculture et l'agriculture.
Ce n'est pas qu'un panneau : Venez visiter nos marais !
Rémi JustinienConseiller régional socialiste de Nouvelle-Aquitaine
La création d'un PNR n'engendre pas l'instauration de nouvelles normes. Près de la moitié du territoire est déjà protégée par des normes de préservation (site Natura 2000, réserves naturelles).
Des actions concertées
Le parc ne verra le jour officiellement qu'après une longue phase de concertation, peut-être en 2030. Les acteurs locaux doivent d'abord se réunir au sein d'un syndicat mixte pour élaborer la charte du parc : "On a besoin, comme cela se fait avec le parlement du marais de Brouage, de mettre en musique tous les acteurs qui interagissent sur le territoire", explique Vincent Barraud, le président de la communauté d'agglomération de Royan Atlantique.
Un parc naturel régional est créé pour une durée de 15 ans. Il en existe déjà 58 en France. Les communes sont libres d'y adhérer. Le conseiller régional socialiste, Rémi Justinien, parie sur un effet d'entraînement : "Peut-être qu'avec l'ambition de l'agglo de Rochefort ici, l'ambition de la communauté de communes de Marennes là, si on les mutualise et qu'on crée des synergies, peut-être qu'elles iront encore plus loin pour protéger ces marais."
Plan alimentaire territorial, label de qualité, visites touristiques... Le syndicat mixte pourra s'inspirer des autres parcs naturels régionaux situés en zone humide, comme le PNR de Camargue (13) et le PNR de la Brenne (36) qui a 30 ans.
Dans la vidéo ci-dessus, ce dernier explique comment le plan nénuphar a été élaboré pour sauver la végétation endémique des étangs de la Brenne.