"Avec ce virus, les gens font l’amalgame entre les régions" : la vente des huîtres de Marennes Oléron en chute libre

Les ostréiculteurs de Charente-Maritime payent les conséquences des fermetures sanitaires ordonnées sur le bassin d'Arcachon ou en Vendée. Pourtant, la présence de norovirus n'a été détecté à aucun moment dans le département en cette fin d'année.

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Les clients passent devant l’étal, mais ne s'arrêtent quasiment plus. Au marché de Royan en Charente-Maritime, comme ailleurs, les consommateurs boudent. La raison ? La commercialisation des coquillages est interdite depuis plusieurs semaines sur le bassin d'Arcachon, au sud de Marennes, en Vendée juste au-dessus, mais aussi dans le Morbihan ou encore en Normandie. La Charente-Maritime n'est pas menacée, mais la clientèle locale reste sceptique.

Conséquence, les ventes ne sont pas du tout à la hauteur d'un mois de décembre. "On n’a malheureusement pas eu grand monde dû à tout ce phénomène. Sur la journée du 30, on fait 20% de moins et sur le 31, on fait 40% de moins. Sur des journées importantes pour nous, c’est très embêtant et ça va nous impacter", s'inquiète Thierry Georget, ostréiculteur à l’Eguille-sur-Seudre, dans le bassin ostréicole de Marennes Oléron, le premier bassin français. 

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"On perd 50 à 60% de notre chiffre d’affaires"

Pourtant, les récentes analyses n'ont rien relevé en Charente-Maritime. Mais les ostréiculteurs sont victimes de cette psychose qui entoure le marché des huîtres. "Elles sont claires depuis deux mois. Mais les gens font l’amalgame entre différentes zones de production. C’est très gênant pour nous. Je suis dans le métier depuis 30 ans, on ne peut rien faire là-dessus. C’est le consommateur qui prend la décision s’il achète ou pas."

Les gens croient un peu n’importe quoi, ils psychotent sur des choses un peu fausses. 

Thierry Georget

Ostréiculteur à l’Eguille-sur-Seudre

Fabienne Russo est ostréicultrice depuis plus de 20 ans. Si les chiffres ont été bons lors de la période de Noël, le Nouvel An risque de laisser un goût amer. "On a ressenti que les gens avaient peur, qu’ils achetaient moins. Ils ont peur que le virus soit ici alors qu'il n’y ait pas. On perd 50 à 60% de notre chiffre d’affaires. Noël, ça a été mais le Nouvel An beaucoup moins. Pour l'instant, les analyses ne donnent rien. On espère que les ventes vont reprendre, il faut que les gens nous fassent confiance."

"Les hommes sont responsables"

Vendredi 5 janvier, de nouvelles analyses ont confirmé l’absence de toute contamination des huîtres dans la région. Des coquillages sains qui bénéficient en plus pour les adhérents à l’IGP Marennes-Oléron d’un atout supplémentaire : l’affinage. "C'est la spécificité ici. Il a un autre avantage en plus que changer le goût de l'huître, il va l'améliorer sur le plan sanitaire. La claire est un épurateur naturel extraordinaire", affirme Laurent Chiron, ostréiculteur et président du groupement qualité des huîtres Marennes-Oléron.

Des clients qui boudent leur coquillage préféré au pire moment, car décembre est le mois le plus rentable de l'année pour les ostréiculteurs. "On sait qu’on vend entre 17 000 et 19 000 tonnes d'huîtres Marennes-Oléron par an. 50 à 60% se vendent du 15 au 31 décembre. Les deux derniers jours de décembre ont été impactés par la médiatisation des fermetures de la Normandie et d'Arcachon."

Pour Laurent Chiron, l'homme est responsable de cette situation. "Il y a une cause à la fermeture, nos produits sont infectés par l’homme. Les rejets humains vont contaminer ou pas le milieu, et infecter l'huître qui va intoxiquer l’homme quand il la consomme. C’est un circuit fermé qu'il faut briser, les stations d'épuration et les réseaux d'assainissement doivent être revus, mieux contrôlés et il faut qu’ils fassent d’énormes progrès."

La Charente-Maritime compte pas moins de 900 producteurs d’huîtres, dont 200 adhérents au groupement Marennes-Oléron.

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