Le fleuve Charente est au pic de sa crue en ce dimanche, à plus de 6,10 m. Le triste record de 6,18 m datant de 2021 est proche. Alors que des crues si fortes se déroulaient tous les 30 ans à Saintes, le phénomène s'intensifie désormais, ce qui inquiète. Les élus et les autorités attendent désormais des actions pour limiter ce phénomène dans les mois et les années à venir.
Des dizaines de routes barrées, des dizaines de maisons occupées par les eaux et des sinistrés par centaines.
C'est le triste bilan des fortes crues de la Charente qui touche les deux départements de la Charente et de la Charente-Maritime.
En Charente-Maritime, justement, la ville de Saintes est fortement touchée par la montée des eaux.
Les services techniques de la commune, du département, mais aussi les pompiers et gendarmes sont à pied d'oeuvre depuis plusieurs jours maintenant pour aider au mieux les sinistrés.
Mais certains, coincés dans leur domicile, sont épuisés moralement et ne parviennent plus à masquer leur inquiétude.
La mairie et le département rappellent que plusieurs mesures d'urgence sont mises en oeuvre : "En plus de barques pour aider les habitants. Sur les infrastructures routières et les abords de rivière, les agents mettent des barrières pour les routes inondées. Une quarantaine de routes sont inaccessibles et donc barrées. C'est un travail très prenant. Tous les services sont coordonnés pour agir au plus vite" confie Sylvie Marcilly, la présidente du département de Charente-Maritime.
Pour ces habitants, il est important que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré.
Brice BlondelPréfet de Charente-Maritime
Ces derniers mois, le fléau des inondations à Saintes se répète. Les habitants ont déjà eu les pieds dans l'eau il y a quelques semaines. Et une crue exceptionnelle s'était déjà produite en 2021.
Le maire de la commune, Bruno Drapron (UDI) oeuvre nuit et jour sur sa commune pour ses concitoyens.
Il s'est d'ailleurs blessé (claquage musculaire, NDLR) en voulant aider l'un de ses administrés et doit désormais se déplacer à l'aide d'une béquille : "On a l'inquiétude de voir ces phénomènes se répéter de plus en plus souvent. Nous avons connu des crues trentenaires, mais là ça fait deux en deux mois et trois en deux ans".
Ces crues à répétition ont des répercussions sur les habitations des zones en proximité du fleuve.
Pour le préfet de Charente-Maritime, Brice Blondel, il est urgent de venir en aide aux sinistrés : "Pour ces habitants, il est important que l'état de catastrophe naturelle soit déclaré. Cela permettra une prise en charge par les assurances. Certains sinistrés avaient déjà dû engager des travaux après la crue de 2021 et il va encore falloir en refaire ".
Si ce week-end l'heure est à l'entraide, cette nouvelle crue record remet sur la table le besoin de trouver des solutions pérennes, pour éviter de nouveaux dégâts à chaque crue : "Si on fait des lacs en amont pour encaisser ce surplus d'eau, ça évitera en partie ces crues" confie le maire saintais.
De son côté, la présidente du département Sylvie Marcilly espère aussi des solutions pérennes : "Pour l'avenir, il faut trouver des solutions avec tous les acteurs, le Département, la commune, et agence de l'eau. Retenir l'eau en cas de crue et la redistribuer en période de sécheresse sont des enjeux d'avenir incontournables".
Avec un niveau d'eau à 6,10 m, soit plus du double que le niveau normal, cette crue de décembre 2023 restera dans les annales.
Si la décrue doit débuter dans les prochaines heures en l'absence de nouvelles précipitations, il faudra plusieurs semaines pour que la Charente retrouve totalement son lit.