Après le fort séisme d'une magnitude de 5,3 sur l'échelle de Richter, certaines familles vivent toujours dans des habitations de fortune. L'arrêté reconnaissant l'état de catastrophe naturelle a été publié, les sinistrés de la commune espèrent être bientôt indemnisés. En attendant, il faut s'organiser...
Le 16 juin dernier, le village de La Laigne, épicentre d'un fort séisme, était fortement touché. Depuis, la commune a tout d'un village fantôme. Des murs renforcés ou bâchés, des commerces fermés et des dizaines de familles qui ne peuvent plus rentrer chez elles.
Sur place, on estime que près de la moitié des habitants a déserté son logement. Certaines familles ont décidé d'élire domicile dans leur jardin, dans des logements de fortune.
Par nécessité ou par souhait. Certains ont déboursé 15 000 € pour s'équiper et attendre soit la consolidation, soit la reconstruction de leur maison.
L'attente pourrait aller jusqu'à deux ans pour les bâtiments les plus touchés.
Le doyen du village dort dans une caravane
À près de 90 ans, Claude Marot est le doyen du village. Ancien agriculteur, celui qui avait pris la suite de ses parents à la tête de l'exploitation familiale l'a, depuis, transmise à son fils.
Sa grande maison de cinq chambres et deux salles à manger a été fortement touchée par les secousses. Classée rouge, elle est en grande partie inhabitable. Il ne reste que deux pièces en usage, la cuisine et la salle de bain.
C'est la première fois que je fais du camping dans une caravane, mais je m'habitue.
Claude Marot, doyen du villageà France 3 Poitou-Charentes
Mais plutôt que de quitter le village et la maison où il a passé toute sa vie, le retraité a décidé d'y rester. Il a, pour cela, investi dans une caravane qu'il a installée sur ses terres, pour y passer ses nuits avec son épouse : "Il y a tout ce qu'il faut, le congélateur, le frigo, la douche et les toilettes. C'est la première fois que je fais du camping dans une caravane, mais je m'habitue. Je dors bien quand même. Ma belle-sœur nous a accueillis quelques jours, mais moi, je préfère rester à la maison. Je m'occupe des animaux, je bricole pas mal, j'ai mon jardin".
Retraite forcée pour le couple de boulangers
Dans le cœur du village, Claude Appercé a lui tout perdu. Sa maison, classée en zone noire, doit donc être entièrement détruite avant d'être reconstruit, "on espère dans deux ans, car on sait que ça va être long". Il vient d'investir dans un mobil-home placé dans son jardin pour continuer à se sentir chez lui.
Sa vie professionnelle a, elle aussi, complétement basculé il y a quinze jours, en même temps que le séisme. Touché, son commerce a dû baisser le rideau.
Tout s'est arrêté brutalement du jour au lendemain. De ne pas avoir revu nos clients c'est dur.
Claude AppercéHabitant et boulanger du village
Avec son épouse qui travaillait à ses côtés, Claude ne peut plus exercer.
Un coup au moral de plus pour celui qui devait prendre sa retraite à la fin du mois d'août et qui est privé d'adieux avec ses fidèles clients : "C'est très dur tant pour l'habitation que la boulangerie. Tout s'est arrêté brutalement du jour au lendemain. De ne pas avoir revu nos clients, c'est dur. Après, c'est la nature, mais on pense à nos clients".