En remettant le prix Tournesol à "Circuit court - Une histoire de la première AMAP" de Tristan Thil et Claire Malary, le jury présidé par Marie Toussaint, tête de liste EELV aux élections européennes, clame qu'il "faut lever les barrières construites entre paysans, écologistes et consommateurs".
Une enquête sur une meilleure manière de se nourrir, mais aussi un plaidoyer pour une économie solidaire, voici résumé l'enjeu au cœur de Circuit court - Une histoire de la première AMAP, la bande dessinée de Tristan Thil et Claire Malary, primée ce samedi à Angoulême du prix Tournesol de la BD écologiste au FIBD 2024.
"C'est super, on est hyper contents", commente à chaud Tristan Thil, scénariste. Il accueille ce prix, créé par le parti Les Verts devenu Europe Écologie Les Verts (EELV), comme "un message optimiste".
"Une autre voie possible"
Pour lui, si le récit, au cœur de sa bande dessinée, l'expérience de deux agriculteurs bio pionniers constitués en AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne), "doit apporter quelque chose au débat (actuel sur l'agriculture), c'est que ça montre qu'une autre voie est possible, qu'on peut essayer d'inventer autre chose, un autre modèle, qu'on peut questionner les modèles existants."
Avec Claire Malary, la dessinatrice, il est parti à la rencontre de Denise et Daniel Vuillon, qui, les premiers, ont introduit en France le concept d'AMAP. Direction Toulon, dans le Var, où ces deux agriculteurs ont lancé leur projet au début des années 2000.
"Daniel et Denise, ce sont des gens, (...) qui, quelque part, ont fait la démonstration qu'on pouvait fonctionner autrement et que ça pouvait marcher", analyse Tristan Thil. Il ajoute : "Ce sont des gens qui ont essayé de développer une alternative à un modèle qui était dominant et écrasant et qui ont réussi à le mener à bien, et à essaimer, aussi".
Nous voulons dire notre soutien au monde paysan et notre refus de voir opposer celles et ceux qui travaillent la terre et celles et ceux qui veulent la protéger.
Marie ToussaintPrésidente du prix Tournesol, tête de liste EELV aux élections européennes
En pleine colère des agriculteurs en France et en Europe, le prix Tournesol offre une réflexion d'une actualité brûlante. Le modèle de production agricole est-il adapté à notre planète ? Existe-t-il une autre manière de produire notre nourriture ? Et si oui, les AMAP sont-elles en mesure d'y répondre ?
Claire Malary voit dans le projet du couple dont elle a dessiné l'épopée, une opportunité d'"aider à œuvrer pour la biodiversité, pour tous les paysans qui sont en petite structure, les femmes en particulier, qui galèrent pour des façons de se nourrir un peu différentes."
Un symbole politique
Présidé par Marie Toussaint, tête de liste EELV aux élections européennes, le prix Tournesol "combine des critères artistiques et un symbole politique", explique-t-elle. "En pleine crise des agriculteurs, nous voulons dire notre soutien au monde paysan et notre refus de voir opposer celles et ceux qui travaillent la terre et celles et ceux qui veulent la protéger."
Si l'histoire de Denise et Daniel Vuillon est connue des militants AMAP, elle l'est beaucoup moins du grand public.
Alors que les propositions du Premier ministre, Gabriel Attal, n'ont pas permis de lever l'ensemble des barrages des agriculteurs, Marie Toussaint estime que, ce qu'il faut "lever", "ce sont les barrières construites entre paysans, écologistes et consommateurs".