La mort de Christine Renon, directrice d'une école maternelle à Pantin, a mis en lumière le mal-être d'une profession qui a manifesté ce jeudi 3 octobre. Fabrice Moulignier, directeur de l'école de Taponnat-Fleurignac (Charente), nous a raconté son quotidien.
Fabrice Moulignier est instituteur et directeur d'école. Il assume cette double fonction depuis 22 ans. Ses journées bien remplies, il les partage donc entre sa classe et son bureau. Et il ne compte pas ses heures.
Parce que l'école de Taponnat-Fleurignac (Charente) compte cinq classes, il bénéficie d'une journée de décharge par semaine pour assurer la gestion de l'établissement mais il le concède : "c'est très très loin d'être suffisant alors que ça l'était avant."
"Tout contrôler"
En cause selon lui : l'accumulation de tâches incombant aux directeurs d'établissements. Répondre au téléphone, contrôler les accès au sein de l'école, suivre les dossiers des élèves en difficulté, la liste est de plus en plus longue. Même la prise de rendez-vous pour l'entretien de la chaudière à gaz est à sa charge.On se retrouve à faire des tâches administratives quasiment en permanence, y compris le soir après la classe. (... ) On a besoin de tout contrôler et ça nous prend un temps infini.
- Fabrice Moulignier, professeur et directeur d'école
Mille-feuilles de réformes
Au fil des ans, la situation des directeurs d'école ne se serait pas améliorée, bien au contraire selon lui. Le constat que dresse Fabrice Moulignier est net : le "mille-feuilles continu" de réformes a singulièrement alourdi son quotidien."On a à peine le temps de s'adapter à une proposition ou à une situation qu'il faut à nouveau faire autrement" explique-t-il.
Très honnetement, on a très souvent le sentiment du travail pas terminé, voire mal fait.
- Fabrice Moulignier, professeur et directeur d'école
Bousculés
Le suicide de Christine Renon, directrice d'école à Pantin, a mis en lumière le malaise de la profession. Ces derniers jours, ils ont été nombreux à prendre la parole pour raconter leurs difficultés à assumer leur mission.Fabrice Moulignier dit d'ailleurs "comprendre le découragement de ses collègues".
Comme ses collègues, Fabrice Moulignier ne pointe pas seulement l'accumulation de tâches administratives. "Le relationnel avec les parents ? C'est du quotidien, c'est du 100%".On est sur la corde raide en permanence. On est bousculé assez souvent.
- Fabrice Moulignier, professeur et directeur d'école
Il faut être présent, donner des réponses, accompagner, gérer des conflits, des difficultés sociales.
- Fabrice Moulignier, professeur et directeur d'école
Au four et au moulin
Gérer, c'est le maitre mot de Fabrice Moulignier qui doit aussi trouver des solutions quand surviennent les imprévus du quotidien. "Si on a une panne de chauffage le matin par exemple, qu'est ce qu'on fait ? Est ce qu'on fait classe à 13 degrés ?"Pour assumer sa charge tout en assurant sa classe, ce directeur d'école peut certes s'appuyer sur son équipe pédagogique mais au final, il demeure seul face à l'administration quand un problème survient.