Pas de 'Bonjour les enfants', mais plutôt 'Good morning everybody' pour ces élèves. L'apprentissage de l'anglais est devenu une habitude. Certaines classes apprennent même la langue de Shakespeare en mathématiques, en sciences ou encore en cours de sport.
D'après Education First, spécialiste de la formation linguistique et culturelle, la France est un mauvais élève en anglais. Elle ne se hisse qu'au 49ᵉ rang mondial. Pour pallier ce retard, l’Éducation nationale a décidé de renforcer l'apprentissage des langues étrangères dès le plus jeune âge.
Comme tous les matins, les enfants de l'école Victor-Hugo d'Angoulême (Charente) mettent leurs vêtements d'hiver sur un porte-manteau et se rendent dans leur classe. Pas de 'Bonjour les enfants' pour aujourd'hui, mais plutôt 'Good morning everybody'. Depuis le début de l'année, c'est devenu un rituel quotidien dans la classe de CE1 d'Anaïs Dellarocca, professeure dans cet établissement.
De l'anglais tous les matins
Les élèves sont ravis de parler anglais de manière récurrente, et ce, de manière ludique. C'est le cas de Lise, qui apprend l'anglais depuis l'an dernier : "On fait des petits jeux : il faut demander à nos camarades de fermer les yeux et pendant que tu es en train de prendre une carte au tableau, il faut la cacher. Après, tu leur demandes ce que tu as caché. Tout ça en anglais, et c'est facile."
L'apprentissage de l'anglais s'effectue également par ce que la professeure appelle 'The English Corner' : dans ce coin, les élèves revoient "les jours de la semaine, le but étant de dire la date en anglais en entier, comme aujourd'hui, hier ou demain, parce que l'on travaille aussi le temps. Ensuite, on a ajouté la météo, pour pouvoir dire quel temps il fait", raconte Anaïs Dellarocca. "Moi, je n'interviens pas du tout, ce sont les élèves qui font tout tous seuls. Et puis on a rajouté l'émotion du jour, car c'est important de se dire comment on se sent."
Mélanger l'anglais et d'autres matières pour faciliter l'apprentissage
Plus on grandit, plus les choses se corsent. En CM2, dans cette école Angoumoisine, l'anglais intervient en cours de sport, de sciences, voire de mathématiques. "C'est vraiment challengeant parce que l'on fait deux choses en même temps. C'est la deuxième année que l'on met en place ce dispositif. On voit bien leur évolution, ils ont plutôt un bon niveau. Plus cela va se mettre en place, plus ils arriveront au collège avec de bonnes bases", avoue Léa Petit, professeure des écoles. "Ça peut être un peu difficile, mais cela sert surtout à apprendre les bases pour qu'après les élèves aient plus de facilité dans leur vie quotidienne et qu'ils soient beaucoup plus à l'aise."
Notre stratégie est de former des professeurs des écoles sur ces langues étrangères, soit directement en termes de formation continue, soit grâce à Erasmus.
Frédéric PerissatRecteur de l'académie de Poitiers
Au sein de l'académie de Poitiers, plus de trois millions d'euros ont été dédiées à ce programme. "1 500 élèves bénéficient de cet enseignement précoce. Notre stratégie est de former des professeurs des écoles sur ces langues étrangères, soit directement en termes de formation continue, soit grâce à Erasmus, par des jumelages et des expériences à l'étranger et permettre cette diffusion-là plus large possible de ces apprentissages précoces", précise Frédéric Perissat, recteur de l’académie de Poitiers.
Selon lui, l'apport des langues étrangères dans les autres cours fondamentaux a un impact positif dès le plus jeune âge : "Nous nous apercevons que l'apprentissage très précoce des langues favorise les cursus et la maîtrise de la langue dans les classes supérieures. Utiliser une langue étrangère pour faire des mathématiques, pour faire du sport, de l'histoire ou de la géographie, ça permet aux élèves d'avoir d'autres réflexes, d'obtenir d'autres compétences et des stimulations qui sont intéressantes pour tout le groupe classe."
En Charente, 15 écoles sont actuellement labellisées Euroscol pour cet enseignement renforcé d’une langue étrangère.