Les cours de basque séduisent de plus en plus d'adultes depuis quatre ans. C'est le cas notamment à Bayonne où l'apprentissage de l'Euskara révèle avant tout une volonté d'intégration sociale et des projets professionnels.
Installé à Bayonne depuis huit ans, Florian Rouch est steward. En 2020, durant la crise Covid, il se trouve dans l'impossibilité de travailler. Ce passionné de langues décide alors d'apprendre l'Euskara, la langue basque. Florian pousse alors la porte de l'association AEK à Bayonne.
"C'est tellement enrichissant"
Quatre ans plus tard, cette langue fait partie de sa vie de tous les jours. "Je peux parler le basque chez mon boulanger, avec mes amis ou encore avec mon neveu qui l'apprend à l'école. Ce n'est pas aussi facile que ça à apprendre, cela demande une rigueur, mais c'est tellement enrichissant".
Désormais pleinement intégré socialement grâce à la langue, Florian Rouch l'utilise aussi bien en Iparralde, au Pays basque français, qu'en Hegoalde, le Pays basque Espagnol.
"On a l'impression d'être dans une sphère un peu privée, parce qu'on arrive à communiquer et à obtenir des codes que d'autres personnes n'ont pas forcément, que ce soit au niveau de la langue, de l'histoire du territoire. On sent que le basque fait partie du quotidien de beaucoup, beaucoup de personnes.
C'est ça qui me plaît, de pouvoir être intégré dans cette communauté-là.
Florian RouchSteward, bascophone
Des cours de plus en plus remplis
Comme Florian, ils sont 1750 d'adultes aujourd'hui à apprendre le basque pour eux-même et 250 en formation professionelle. Leur nombre croît d'année en année. C'est le cas au sein de l'association AEK : 1 250 personnes y apprennent la langue dans les Gau Eskola, et 250 autres dans le cadre de formation professionnelle.
"Depuis les trois, quatre dernières années, on a une demande de plus en plus importante", note Béa Salaberri, responsable pédagogique AEK.
Aujourd'hui, il y a 22 centres d'apprentissage du basque sur le territoire, dont 15 d'AEK sur le Pays Basque intérieur et sur les côtes.
L'association propose, tout au long de l'année, des cours de basque pour adultes. Les élèves étudient en classe entre 5 et 6 heures par semaine, et des journées entières en période de vacances scolaires. Les attentes sont variées.
"On en a qui veulent quelques notions, d'autres qui souhaitent communiquer dans la vie courante ou avec leurs enfants qui prennent des cours à l'école. D'autres veulent être plus autonomes pour faire leurs courses ou lire le journal", détaille Béa Salaberri.
"Il y a aussi ceux qui ont des projets professionnels avec la volonté d'acquérir un niveau plus important pour rédiger des courriers ou interagir dans un cadre plus formel. Enfin, nous avons une demande de professionnels déjà en place et dont les postes deviennent bilingues", poursuit-elle.
Une augmentation de bascophones réceptifs
La dernière enquête de l'Office public de la Langue Basque (OPLB), datant de 2021, indique que 20 % de la population, soit 51.000 personnes, du Pays Basque Nord (Pays Basque français) est bascophone, c'est-à-dire parle bien cette langue et la comprend.. 9 % de la population est bascophone réceptive, c'est-à-dire "qui comprend le basque, mais n'est pas à l'aise pour le parler", rapporte Amande Amin, chargée de mission à l'OPLB.
"Les autres ne sont pas bascophones. On constate entre 2016, date de l'avant-dernière étude, et celle de 2021, une légère augmentation des bascophones réceptifs. On remarque également, comme de l'autre côté de la frontière, que parmi les bascophones, il y en a de plus en plus qui n'ont pas le basque comme langue maternelle, donc qui l'ont appris, soit à l'école, soit dans les cours pour adulte".
Grâce à ces profils différents, la langue basque s'étend comme sa communauté très soudée et unie. Tous n'ont qu'une volonté, faire rayonner l'Euskara sur leur territoire et au-delà.