Il est venu défendre l'abaissement de la limitation de vitesse à 80km/h, mais le dialogue n'a pas été établi : l'association des maires de Corrèze regrette l'absence d'argumentation d'Emmanuel Barbe, et plus largement l'attitude du gouvernement, symptomatique de l'"élite technocratique parisienne".
La visite d’Emmanuel Barbe en Corrèze n’a visiblement pas convaincu. Le Délégué interministériel à la sécurité routière était ce mercredi 23 mai en déplacement dans le département pour défendre le passage aux 80 km/h sur les routes secondaires. Résultat : les élus locaux sont toujours autant opposés à cette mesure.
"Aucun dialogue constructif ne peut s'établir sur l'abaissement de la vitesse à 80 km/h", regrette l’Association des maires de Corrèze dans un communiqué publié jeudi soir.
Le ton est accusateur :
Le Délégué Interministériel base son argumentation sur le fait que l'application de cette mesure ferait baisser le nombre de tués de 300 à 400 par an. Jamais il n'apporte la moindre argumentation crédible sur ce chiffre, c'est pour lui un axiome ! Il balaye d'un revers de main le fait que les causes d'accident soient multifactorielles et ramène tout à la vitesse.
Outre l’augmentation des temps de parcours impliqués par l’abaissement de la limitation de vitesse, c’est les conséquences d’une telle mesure en milieu rural que l’ADM souligne, avançant notamment que les sanctions liées au permis de conduire peuvent être particulièrement pénalisantes dans des territoires sans transport en commun.
Et de répéter :
Cette rencontre n'a été à aucun moment un dialogue. Le délégué Interministériel est venu pour affirmer qu'il était un spécialiste ( il l'a répété plusieurs fois ) et qu'il sait donc ce qu'il faut faire !
L'Association des Maires de la Corrèze déplore que le Gouvernement ait une attitude aussi peu constructive et qu'une nouvelle fois il parte du principe que l'élite technocratique parisienne sait, seule, ce qui est bon pour nos territoires.
Boycott
Si Jean-Jacques Dumas, le président de l’ADM19, a rencontré Emmanuel Barbe, ce n’est pas le cas du président du conseil départemental, Pascal Coste, qui a boycotté la visite. La veille en effet, il venait de recevoir une réponse négative du Premier ministre à sa proposition d’expérimenter le maintien de la vitesse à 90 km/h sur une partie des routes du département.
Le passage aux 80 km/h entrera en vigueur le 1er juillet. Il concerne les routes départementales secondaires sans séparation de voies.