Le gouvernement a annoncé renforcer le nouveau fonds d'urgence destiné à aider l'agriculture biologique. En Corrèze, malgré leurs difficultés financières, plusieurs professionnels n'en bénéficieront pas.
À genoux sur la terre, Jonathan Auzou arrache les herbes capricieuses qui affleurent à la faveur du printemps. Aubergines, courgettes ou encore concombres : dans quelques semaines, ce maraîcher de Bilhac (Corrèze), certifié bio, vendra ses différents plants aux jardiniers voulant cultiver leurs propres légumes d'été. Installé depuis 2019, il ne touche que 450 euros par mois. "Encore une fois, c'est une enveloppe qui va bénéficier à certains, mais qui va mettre beaucoup de paysans sur la touche", déplore-t-il.
Un fonds d'urgence rehaussé de 40 millions d'euros
Cette enveloppe, c'est le nouveau fonds d'urgence destiné à aider les agriculteurs de la filière biologique. En février dernier, le gouvernement a annoncé un renforcement du dispositif, faisant passer celui-ci de cinquante à quatre-vingt-dix millions d'euros.
Ces subventions s'ajoutent aux 104 millions d’euros alloués en 2023 visant à pallier une consommation en berne dans un contexte d’inflation.
Si les premiers versements sont attendus fin juin, de nombreux professionnels ne s'avèrent pas éligibles. D'où l'amertume d'une partie du secteur.
À Larche, l'an passé, David Bon n'a dégagé aucun bénéfice, malgré ses trente-cinq hectares de noyers : "Cela coûte plus cher de faire de la noix bio, mais on n'arrive pas à valoriser, explique-t-il. La question se pose de rester ou pas en bio." Or, même face à ces difficultés, le nuciculteur ignore s'il remplit les critères requis, qui exigent notamment des pertes de chiffre d'affaires très précises.
Le bio, "c'est vraiment dans mon âme"
Les déconversions demeurent tout de même rares dans le département. À Liourdres, Sonia Dréon tient depuis treize ans. Sans les aides octroyées, l'équilibre financier de cette maraîchère ne pourrait être assuré. "C'est un métier très tributaire du climat, témoigne-t-elle. Je ne peux pas me prononcer pour le futur, mais pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre. J'arrive à vivre décemment." Pour elle, décemment signifie toucher moins que le Smic. Qu'importe : l'essentiel reste de faire ce qu'elle aime. "Je ne me suis pas installée en bio juste pour le commerce. C'est vraiment dans mon âme", sourit-elle. La Corrèze compte aujourd'hui près de cinq-cents exploitations engagées dans le biologique.