Outre les opérations de blocage sur les routes, les agriculteurs en colère organisent des contrôles de marchandises dans certains restaurants. L'une de ses actions s'est déroulée ce lundi 29 janvier dans une brasserie du centre-ville de Brive.
Après une opération escargot dans le centre-ville de Brive, une centaine de tracteurs corréziens, réunis à l'appel des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA, a investi la place de la Guierle. Un groupe d'agriculteurs pénètre alors dans l'enceinte de la brasserie Non Stop en soirée pour demander au propriétaire de contrôler la provenance des produits, particulièrement de la viande.
L'objectif : sensibiliser les clients sur l'origine des produits qu'ils consomment et surveiller la régularité de l'affichage des professionnels.
Échanges tendus
S'ensuivent alors des échanges tendus avec le restaurateur : "Allez voir les politiques, et arrêtez d'emmerder ceux qui bossent. J'ai des cousins agriculteurs, ma femme vient d'une famille d'agriculteurs, on sait ce que c'est", s'explique le gérant.
Le manifestant, agacé, l'interpelle : "Vous avez dit que vous préfériez prendre des produits de l'étranger parce qu'il y avait une meilleure rentabilité économique. Aujourd'hui, vous êtes donc contre le protectionnisme français ?"
"Je ne suis contre rien, répond le professionnel. On a des marges à faire, on a des factures à payer. Je ne suis pas un homme politique monsieur, n'allez pas me parler de protectionnisme à moi."
Voyant le refus catégorique du propriétaire, le groupe finit par sortir, mais repart en laissant un souvenir fort désagréable. Après avoir déposé des palettes devant l'entrée, du fumier est déversé sur la voie.
Nous avons contacté le gérant de la brasserie. Il n'a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.
"Les restaurateurs essayent, dans la mesure du possible, d'utiliser des produits corréziens"
Au-delà de cette action à Brive, nous avons contacté, par téléphone, Jean-Luc Viginiat, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), chargé de la restauration.
qui explique que de nombreux restaurateurs se retrouvent dans une position délicate : à la fois soutenir la production locale tout en répondant à l'exigence de prix raisonnable que réclame la clientèle, une équation très serrée dans un contexte d'inflation. "Les restaurateurs essayent dans la mesure du possible d'utiliser des produits corréziens, que cela soit de la viande ou du maraîchage", déclare Jean-Luc Viginiat, vice-président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), chargé de la restauration.
Mais ces derniers sont parfois contraints de se tourner vers des produits étrangers, car ils sont moins coûteux.
Ce dernier désapprouve toutefois certaines pratiques et dit "soutenir les agriculteurs" dans leur action : "Pour certains, c'est la qualité qui prime, d'autres vont prendre leur viande de l'étranger puis afficher que c'est français ou local en montant les prix."