Pour tenter de limiter la propagation de la grippe aviaire, une campagne de vaccination démarre en Corrèze. Les plus gros producteurs de canards vont devoir piquer leurs bêtes. Même si le département n'est pas le plus touché, cette vaccination a pour but de limiter la diffusion en cas de foyer.
C'est une campagne qui pourrait changer la vie des éleveurs d'oiseaux, en particulier de canards. En Corrèze, une grande campagne de vaccination contre la grippe-aviaire commence. Une cinquantaine d'éleveurs, ceux qui possèdent plus de 250 canards, sont dans l'obligation de faire vacciner leurs bêtes dans le département.
"Vous le piquez toujours entre la base du cou, entre les deux ailes"
Exemple avec l'élevage de Christian Serieys, qui compte 1800 palmipèdes. Assistée d'une vétérinaire, il pique un à un ses animaux. "Il faut faire des études pour être vétérinaire ! Mais un agriculteur doit savoir tout faire. Là, on est en plein dedans. Mais ça ne semble pas compliqué" partage-t-il.
Pourtant, ce n'est pas si évident. "Vous prenez le canard comme ça car il baisse la tête instinctivement" montre la vétérinaire, un canard dans la main gauche, la seringue dans l'autre. "Vous le piquez toujours entre la base du cou entre les deux ailes vers la gauche, et vous le relâchez." Elle n'hésite pas à alerter l'éleveur à plusieurs reprises sur ce procédé à suivre. "Surtout, n'appuyez pas à fond car vous risquez d'avoir du reflux."
Pour Christian Serieys, le lancement de cette campagne va dans le bon sens. "C'est une très bonne chose, il était vraiment temps pour commercialiser les canards avec plus de tranquilité. On va voir l'efficacité à la longue" estime-t-il. Désormais prêt à piquer ses canards, il pense que cette vaccination représente "une phase importante" ainsi qu'un "optimisme et un espoir pour la filière". Il devra lui-même effectuer une seconde injection pour tous ses canards dans les 15 prochains jours.
"Le risque 0 n'existe pas"
L'année dernière, près de 10 millions de canards ont été abattus par prévention en France à cause de la maladie. En Corrèze, la diffusion de la grippe-aviaire est faible car il y a peu de concentration d'élevages et peu de promiscuité entre eux.
Cette campagne de vaccination n'en est pas moins importante selon Emmanuel Carbonnière, technicien avicole à la chambre d'agriculture de la Corrèze. "L'enjeu, c'est de sécuriser tous les maillons de la filière. La vaccination va permettre de pérenniser, notamment la partie production et les reproducteurs" soulève-t-il.
La production de foie gras par exemple pourrait donc être moins perturbée que l'année dernière. "Le risque 0 n'existe pas" tempère le spécialiste. "Il existe de l'influenza aviaire dans la faune sauvage. Mais le vaccin a une influence sur la partie diffusion. Ça permet de sécuriser et d'empêcher une propagation rapide en cas de départ sur un foyer."
S'il doit se projeter sur la production jusqu'à la fin de l'année, Emmanuel Carbonnière se dit "plus serein" et espère "une stabilisation, ainsi qu'un strict minimum d'abattage". Cela pourrait être du stress en moins pour les éleveurs, déjà préoccupés par d'autres problématiques.