A Horsarrieu, au cœur de la zone de production de foie gras des Landes, le ministre Marc Fesneau assiste ce lundi 2 octobre aux premières vaccinations des canards contre la grippe aviaire. Une campagne inédite par son ampleur :64 millions de canetons seront vaccinés.
Une piqûre à la base du cou environ dix jours après la naissance, une seconde dix-huit jours plus tard : la vaccination des canards contre la grippe aviaire est lancée, ce lundi 2 octobre, à Horsarrieu dans les Landes.
Pour marquer l'importance de cette campagne inédite par son ampleur dans les élevages, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire assiste aux premières injections sur les 3 500 canetons de l'exploitation d'Eric Dumas, le président du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras, le CIFOG. Il se dit soulagé.
Mes canetons seront protégés et l'ensemble de mes voisins éleveurs seront aussi protégés. La vaccination, c'est une affaire collective.
Eric Dumas, éleveur et président du CIFOGFrance 3 Aquitaine
Les représentants du monde agricole, les élus locaux, départementaux et le président de la Région Nouvelle Aquitaine sont, eux aussi, présents.
Vaccination obligatoire à partir de 250 canards
Au total, soixante-quatre millions d'animaux d'élevage seront concernés d'ici à l'été prochain. La France est le seul pays d'Europe à rendre obligatoire cette vaccination contre la grippe aviaire.
Quatre-vingts millions de doses de vaccin ont été commandées au laboratoire allemand Boehringer Ingelheim. Facture : plus de 90 millions d’euros (85% à la charge de l’État, le reste aux filières de production).
Les injections sont supervisées par le vétérinaire sanitaire de chaque exploitation. Elles seront pratiquées par les éleveurs eux-mêmes ou par des professionnels, spécialement formés pour cette campagne. Le programme concerne les exploitations de plus de 250 canards de France métropolitaine (hors Corse) et s'applique aux animaux élevés pour leur foie ou leur viande.
Seul le vaccin ne suffit pas
Depuis 2015, la grippe aviaire se répand comme une traînée de poudre en France, et plus seulement en hiver. Rien qu'entre novembre 2022 et mai 2023, seize millions de canards ont été abattus dans 1 360 élevages touchés par le virus de l'influenza aviaire hautement pathogène. Cette campagne de vaccination est attendue par une filière mise à mal par plusieurs crises.
Cette vaccination est un motif d’espoir pour toute la filière qui a été sévèrement touchée ces derniers mois. Ce n'est pas la panacée, mais c'est une solution
Marie-Hélène Cazaubon, présidente de la Chambre d’Agriculture des Landes,France 3 Aquitaine
Dans le sud-ouest, cent mille emplois directs et indirects sont concernés. Mais Benoît Justes, éleveur de canards à Saint-Aubin dans les Landes et invité de l'émission "Dimanche en politique", reste prudent :
On attend de voir ce que cette campagne va donner. Mais il faut savoir que c'est trop tard pour les canetons de Noël. Pour moi, cette vaccination est le premier motif d'espoir depuis longtemps
Benoît Justes, éleveur et membre du syndicat MODEFFrance 3 Aquitaine
Les mesures de biosécurité dans les élevages doivent donc rester en vigueur, rappelle l'interprofession du foie gras. Le ministère de l'Agriculture rappelle qu'en cas de déclaration d’un foyer dans un élevage, les mesures d’abattage s’appliqueront, même si les canards ont été vaccinés.
Financements et exportations en question
Le coût de la vaccination est pris en charge à 85 % par l'État. La part restante est à la charge de la filière de production, ce qui suscite de l'inquiétude, car le reste à charge devrait augmenter l'an prochain.
"Nous allons nous retourner vers les collectivités territoriales. Il ne faut pas que le coût de la vaccination soit un frein au dispositif", explique ce lundi 2 octobre Marie-Hélène Cazaubon, la présidente de la chambre d'Agriculture des Landes.
Les éleveurs n'auront rien à avancer en 1ʳᵉ intention, après, ils rembourseront sur la deuxième. Il faut que cela trouve son équilibre économique. Mais on ne peut pas dire que l'État n'a pas été au rendez-vous d'un bout à l'autre de l'indemnisation
Marc Fesneaux, ministre de l'AgricultureFrance 3 Aquitaine
Reste à savoir aussi, quel impact aura cette vaccination des canards sur les exportations de la viande et des foies gras. Elles représentent 10% du chiffre d'affaires de la filière.
Le Japon s'est en effet prononcé contre l'importation de viande vaccinée sur son territoire. "J'espère que nous convaincrons tous les états de faire revenir de la viande vaccinée sur leurs tables", confie la présidente de la Chambre d'agriculture des Landes.