Alors que les premiers foyers de la maladie hémorragique épizootique (MHE) ont été découverts en septembre dans le sud-ouest de la France, la Corrèze recense ses premiers cas. La maladie touche principalement les bovins, sans être mortelle. Pour les éleveurs, qui exportent leurs veaux vers l'Italie, les conséquences sont surtout économiques.
Un premier cas de maladie hémorragique épizootique (MHE) a été détecté en Corrèze, début novembre. Cette maladie, transmise par des moucherons piqueurs, affecte surtout les cervidés et les bovins. Elle provoque fièvre, amaigrissement, lésions buccales, difficultés respiratoires et boiterie.
Pour exporter vers l'Italie, un test sanitaire obligatoire et coûteux
À 14 kilomètres de chez Jean-Claude Fontaine, le premier cas corrézien a été détecté. L'éleveur de bovins ne s'en inquiète pas outre mesure, la maladie étant très peu mortelle. Pour lui, la principale conséquence est économique : soit il se retrouve avec ses bêtes sur les bras en raison de la fermeture des marchés à l'export, soit il exporte en Italie, restée ouverte à l'export, mais il doit payer un test sanitaire pour chaque veau. Un coût considérable pour l'éleveur, qui perd alors 10% de sa marge.
« Le coût du laboratoire, du vétérinaire, et tous les risques engendrés par cette situation, effectivement cela nous crée des soucis, mais aujourd'hui c'est la seule solution qu'on a pour arriver à faire partir des veaux en Italie », indique-t-il.
Du côté de la coopérative de la CAPEL, les broutards ne partiront pas encore en Italie. Direction plutôt un atelier d'engraissement à Gramat pour repousser leur date d'exportation. Des procédures lourdes qui compliquent le travail de cet exportateur bovin.
« Cela implique de faire des prises de sang qui sont facturées par les vétérinaires. Cela a un coût supplémentaire et c'est un travail énorme. Au lieu de prendre une demi-heure pour faire un certificat sanitaire, on passe à plus de 2 heures. C'est très compliqué », souligne Gaël Hernandez, directeur de l'activité bovine à la coopérative CAPEL, qui exporte 25 000 broutards par an, principalement vers l'Italie.
La FDSEA en appelle au gouvernement
Pour tenter d'amortir les coûts, la FDSEA de la Corrèze en appelle au gouvernement. « Ce que l'on demande, c'est soit le remboursement des prises de sang, pour que l'éleveur puisse ensuite expédier ses bêtes saines, soit une indemnisation des coûts de prise en charge des bovins qui restent sur l'exploitation, estimés à trois euros par jour pour les stocker et les nourrir. On demande également à être indemnisé concernant la différence de prix entre celui de l'abattoir et celui du broutard », explique Daniel Couderc, président de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles de la Corrèze (FDSEA19).
Les premiers foyers de la MHE en France ont été découverts en septembre 2023 dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées. La maladie s'est propagée comme une traînée de poudre : début novembre, plus de 2 000 foyers de MHE ont été recensés, contre 3, début septembre.
La France, un pays de "naisseurs", très dépendante des exportations
« Dans ces crises, on voit qu'on est très dépendants des exportations et il faut qu'on puisse faire de la valeur ajoutée sur place », notamment en engraissant les animaux en France, a souligné Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, le 2 novembre dernier, selon l'AFP.
Malgré des velléités de relocaliser l'engraissement, la France est d'abord un pays de "naisseurs" : en substance, les éleveurs gardent les femelles qui renouvellent le troupeau et vendent les mâles dont la viande est peu consommée dans le pays car jugée trop claire.
La France, premier cheptel européen de vaches élevées pour la viande, a exporté en 2022 un peu plus d'un million de "broutards", la grande majorité vers l'Italie. Ces jeunes animaux, généralement des mâles âgés de 8 à 12 mois, sont engraissés et abattus dans le pays de destination.
Avec Eva Pressiat et l'AFP