Océane Farfait fait partie de la demi-douzaine de spécialistes basés en Corrèze, mais elle est une femme. Depuis peu, elle visite les différents haras du département pour faire son métier souvent très masculin : ferrer les chevaux.
Elle est maréchale-ferrante depuis l'obtention de son diplôme en novembre 2022, et cette Corrézienne a toujours voulu l'être, malgré un secteur très masculin.
Depuis ses douze ans et son premier contact avec le métier, Océane Farfait sait qu'elle deviendra maréchale-ferrante. Pourtant, ce secteur très confidentiel et qualifié, il y a peu, de métier du passé, est très souvent incarné par des hommes. En 2018, moins d'1% des professionnels étaient des femmes.
Un jour, j'ai vu le maréchal-ferrant faire et j'ai dit, je veux faire ça. Je suis restée sur cette idée depuis la 5ᵉ.
Océane Farfait, maréchale-ferrante depuis peu.France 3 Limousin
Mais c'était sans compter sur la détermination d'Océane. "C'est un métier incroyable où on est toujours en contact avec les animaux. Je suis très contente d'avoir réussi à faire ce dont je rêvais."
"Les femmes peuvent en faire autant que les hommes."
Si les femmes ne se sont pas saisies de ce métier pendant très longtemps, c'est parce qu'il est réputé très physique et met le dos à rude épreuve, ce que la jeune femme reconnaît volontiers, pliée en deux sur le sabot du cheval : "Mine de rien, on bouge beaucoup, on se plie et on se relève constamment." En effet, même si les animaux ne ressentent aucune douleur à la pose des fers, avoir une patte recourbée de façon prolongée leur est désagréable. Il faut donc être prêt.e à maîtriser quelques rébellions et ruades.
Isabelle Escorges connaît bien le métier, elle travaille au Poney Club du Mas à Donzenac en Corrèze. En cette chaude journée d'été, Océane s'est rendue dans sa ferme pour ferrer l'un de ses chevaux et en passant, elle l'a convaincue que ce métier peut être fait par des femmes. "C'est un métier très physique, beaucoup de femmes n'ont pas le gabarit. Mais elle, elle sait montrer à tout le monde que les femmes peuvent en faire autant que les hommes, il n'y a pas de souci là-dessus", raconte-t-elle fièrement.
Un métier de ferrage sur mesure
Dans son utilitaire rouge qui lui sert de magasin et de moyen de transport, Océane Farfait sillonne la Corrèze entre les différents clubs d'équitation et haras. Fini le temps où les propriétaires de chevaux venaient avec leurs animaux à la forge, désormais c'est le maréchal-ferrant qui se rend dans les écuries.
Outils, fours, seau, forge et enclume sont transportés dans l'atelier mobile d'Océane dont elle a besoin pour changer les fers des chevaux. Tous les mois, il faut nettoyer et ferrer les sabots des chevaux, qui ne sont rien d'autre que des ongles, qui poussent en permanence.
Une fois le fer chaud, il est ajusté au sabot, puis cloué ou collé selon les chevaux. "Avec l'habitude, on le fait à l'œil. Il faut être vigilant, car le sabot du cheval change aussi en fonction de la météo, donc le dernier fer ne va pas être pareil au nouveau."
Une fois le cheval avec ses souliers neufs, Océane Farfait peut reprendre la route, et continuer d'être une figure de détermination et d'ouverture, malgré des stéréotypes de genre.