Comme chaque année, les éleveurs peuvent bénéficier, en 2024, d'aides de l'État pour financer les mesures de protection contre le loup. Des aides graduées en fonction du risque d'apparition du prédateur. Des aides insuffisantes pour certains, qui souhaitent qu'on élimine plus de loups.
Elle s'appelle Patras, elle a cinq ans, et c'est elle qui est la plus efficace pour protéger les agneaux, moutons et brebis de Denis. "C'est un chien de protection, un berger d'Anatolie. C'est l'équivalent du Patou, mais en Turquie" précise Denis Campmas, éleveur à Peyrelevade et membre de la confédération paysanne.
Depuis une attaque de loup sur son bétail en 2018, Denis s'est équipé : barrières, filet électrique, et chiens de protections. Efficaces pour veiller sur le troupeau, ces chiens font reculer le loup, et aussi les humains. Ce qui a déjà causé quelques ennuis à Denis, et même des plaintes en gendarmerie. "Le chien va venir au contact du promeneur, qui va être assez surpris, et il a raison de l'être. Quand vous avez un animal de 50 kg qui arrive en hurlant, personne n'est à l'aise" explique l'éleveur.
Des aides financières en fonction du risque
Le chien de protection reste pourtant la principale solution préconisée par les services de l'État pour protéger les troupeaux contre la prédation par le loup.
Comme chaque année, l'appel à projets permettant aux éleveurs de bénéficier d’aides financières à la protection de leurs exploitations vient de s'ouvrir.
"Différentes aides sont accessibles aux éleveurs selon l’importance de la prédation constatée depuis 2021 sur leur commune. Pour la Corrèze, le zonage distingue 55 communes où des actions de prévention sont jugées nécessaires du fait de la survenue possible de prédation par le loup. Sur les autres communes du département, l’expansion géographique du loup n’est pas impossible et la mise en œuvre d’actions de prévention est encouragée", précise le communiqué de la préfecture de la Corrèze.
Dans les zones jugées les moins à risque (en blanc sur la carte), seules les dépenses relatives aux chiens de protection peuvent faire l’objet d’une aide financière. Dans les zones les plus à risque (en violet sur la carte), les investissements matériels (parcs de pâturage électrifiés fixes et/ou mobiles, électrification de parcs fixes existants, regroupement nocturne en bergerie ou en parcs de nuit) peuvent être aidés aussi.
Protéger ou tuer ?
Pour réellement se protéger du loup, la FDSEA ne demande qu'une chose : la possibilité d'en tuer davantage. "On demande un reclassement du loup, qu'il change de statut et passe de strictement protégé à protégé, ce qui permettrait d'avoir une meilleure régulation, moins d'attaques et plus de protection sur nos animaux" explique la secrétaire générale FDSEA 19 Marie-France Forest.
Une mesure, qui fait partie du projet de plan national d’actions (PNA) « loup et activités d’élevage » 2024-2029 du gouvernement.
Entre décembre 2021 et mai 2023, un loup aurait causé près de 70 attaques sur des troupeaux ovins en Corrèze, faisant de l'animal l'ennemi public numéro 1 des éleveurs.
Chargée des grands prédateurs au Parc Naturel Régional de Millevaches, Jessica Hureaux rappelle que le loup joue aussi un rôle dans la chaîne alimentaire, et l'équilibre du milieu : "Le loup a un rôle de régulation de la population de gibier. Sa prédation permet de limiter les maladies dans cette population, mais aussi de réduire les dégâts forestiers et de favoriser la régénération forestière. Donc il y a un rôle écologique du loup qui est indéniable".
Pour elle, la question n'est pas de savoir si le loup va revenir en Limousin, mais quand. Et il faut apprendre à vivre avec.