"J'ai l'habitude de travailler sur 2000 brebis" : Franck Mora, berger des Alpes en mission sur le plateau de Millevaches

Ils ne sont que huit bergers sur le plateau de Millevaches. Ce métier avait failli disparaître en Limousin, mais grâce à la volonté de groupements d'éleveurs, il a fait son retour dans la région il y a une dizaine d'années. Notre équipe a passé une journée avec l'un d'entre eux, venu des Alpes-de-Haute-Provence avec sa famille pour passer l'été.

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Ils ne sont que huit bergers sur le plateau de Millevaches. Ce métier avait failli disparaître en Limousin, mais grâce à la volonté de groupements d'éleveurs, il a fait son retour dans la région il y a une dizaine d'années. Antoine Jegat, Matthieu Dégremont et Paul Guionie ont passé une journée avec l'un d'entre eux, venu des Alpes-de-Haute-Provence avec sa famille pour une saison. ©Antoine Jegat et Matthieu Dégremont

Avec son bâton, sa serpe et son béret, il ne passe pas inaperçu. Un authentique berger alpin sur le plateau de Millevaches, l’image est insolite. Lui-même a encore du mal à s'habituer au terrain : "je rappelle mon chien pour pas qu'il fasse le tour parce qu'il n'a pas l'habitude de travailler sur des petits troupeaux. Là, il y a 400-500 brebis, moi, j'ai l'habitude de travailler sur 1500-2000 brebis, donc si je ne les arrête pas, ils font le tour et ça fout le bordel."

Ces terres ne sont pas les siennes, ces brebis non plus. Comme sept autres, Franck Mora est employé pour la saison estivale par un groupement d’éleveurs locaux pour garder leurs troupeaux, "comme ça ils ont un peu de temps pour s'occuper de leurs fourrages. Il faut qu'ils se libèrent du temps et puis ça développe un peu de boulot pour des bergers salariés."

Dans sa mission, il est suppléé par plusieurs acolytes : "on a le chien de protection qui est là pour protéger les brebis du loup [...] et après moi, j'ai mes chiens de conduite pour diriger le troupeau. Chez nous, on aime bien les croisés, les races françaises. Lui, c'est un berger de Crau croisé border collie, et elle, c'est une briard croisée border."

La transhumance, une coutume millénaire

La transhumance est une coutume millénaire, pourtant sur le plateau de Millevaches, elle est très récente. Elle fut importée de haute montagne pour entretenir les tourbières et les landes laissées à l’abandon.

Si on ne laisse pas les brebis manger ici, tout se referme et ça devient des terres abandonnées [...] Chez nous, il n'y a pas de tourbières dans le PACA ! On a bien subi la pluie ici... ça fait deux mois et demi qu'on est arrivé et on a eu quinze jours de beau temps donc c'est vraiment difficile. On a les pieds dans l'eau, la garde se fait en bottes, sous le parapluie, c'est pas facile, même pour les brebis.

Un berger pour se prémunir du loup

Après toute une matinée à pâturer dans la tourbière, Franck décide de déplacer le troupeau. Il les conduit dans un parc de chaume pour qu'elles passent l'après-midi au frais sous les arbres, surveillées par un chien de protection. Une façon de faire attention au loup. 

Le loup est revenu sur le plateau de Millevaches. Il y a un nouveau système de garde à mettre en place : parc électrique, chien de protection et des parcs de nuit qui font à peu près deux mètres de haut. Ici en Limousin c'est hyper nouveau, nou,s dans les Alpes ça fait trente ans. C'est un sujet très compliqué, émotionnellement très dur pour les éleveurs qui vont subir ce genre de problème. Mais ils ne vont pas avoir le choix, parce qu'on ne peut pas l'éradiquer.

Franck Mora, berger

Une vie nomade

Mais en déplacement en Limousin, Franck n'est pas seul. Il est venu avec sa famille, sa compagne et sa fille. Ils vivent à trois dans un petit studio prêté par un copain berger. "Avant, je vivais en camion, donc pour moi ce n'est pas très terrorisant. Ce qui est terrorisant, c'est plus le métier que la vie de nomade. Moi, je pense que je ne pourrais peut-être pas faire trois mois en solitaire, j'aurais pas le mental, raconte Angelina Paumier.

Cette fois-ci, en famille, le trio se soutient. Ils ont même réussi à scolariser leur fille dans le village. 

On rencontre d'autres mamans, d'autres parents, il y a la kermesse... des choses qui font que l'on découvre des gens qui ne sont pas du métier. Si on n'avait pas eu Azalée, cela aurait été différent.

Angélina Paumier, maman d'Azalée

À la fin de l’été, la famille a quitté le Limousin pour renter chez elle, dans les Alpes. Franck envisage de s’y installer définitivement et d’acheter son propre cheptel.

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