Partis pendant un an et demi en restauration puis en exposition à Metz, les six vitraux de Chagall sont de retour à la maison.
L’opération est délicate. De grands panneaux soulevés à bout de bras et installés devant les ouvertures de la petite chapelle. Ils sont vite vissés et re-scellés à leur emplacement d’origine. Comme neufs.
« Ils ont été enlevés pour être restaurés et protégés surtout. Ce sont quand même des vitraux de Chagall, d’une très grande valeur et je crois que cette protection est indispensable » explique Nicole Poulverel, maire de Voutezac, visiblement très fière de retrouver les joyaux de la commune.
Ce n’est effectivement pas tant la restauration que la sécurisation qui a présidé à la dépose des 6 vitraux.
« L’objectif principal c’était avant tout de protéger ces vitraux. Avant notre intervention, ils étaient exposés aux éléments. On les a mis en double verrière pour qu’ils soient protégés du vandalisme, de la grêle ou du vent. A l’origine, il y avait des grilles de protection, remplacé par du verre transparent de 8 millimètres d’épaisseur. Les visiteurs pourront donc en profiter encore mieux qu’avant » explique Ludwig Rzepka, vitrailliste.
L’atelier du vitrail de Limoges qui a été en charge de la restauration n’a pas eu une grosse intervention. Une consolidation générale, une ou deux fissures colmatées, des plombs ressoudés et un bon nettoyage à l’eau claire ont suffi.
Installés entre 1978 et 1982, les six vitraux (la grande baie du chœur, quatre baies dans la nef côté sud et la rose du portail) suggèrent des scènes champêtres.
« Les vitraux ont été faits à l’origine dans des ateliers de Reims. L’auteur a voulu qu’ils reflètent le quotidien des habitants de la campagne limousine tout en respectant la symbolique chrétienne » explique Frédéric Géraudie, adjoint de la commune en charge du patrimoine.
Et d'ajouter : « Dans le premier, il y a les 4 éléments et à la base de ce vitrail, il y a une petite teinte verte qui rappelle tout à fait les prairies de la Corrèze. Un autre représente deux bouquets qui sont rapprochés qui symbolisent l’offrande chrétienne. Il y a aussi un coq qui est encore là pour rappeler la vie de la campagne corrézienne ».
Perchés sur leurs échafaudages, les vitraillistes avancent vite mais méticuleusement « On a affaire à un artiste de renom. Dans la région il n’y a pas tant que ça de vitraux de Marc Chagall et surtout ce sont les derniers de sa vie. Il y a donc un respect presque spirituel » confie Ludwig Rzepka.
Avant de revenir en Corrèze, les vitraux se sont offert des petites vacances à Metz au centre Pompidou dans le cadre d’une exposition consacrée au peintre. Séjour prolongé à cause de la Covid. Ils retrouvent donc leur emplacement définitif et seront tous à nouveau visibles dès le 18 octobre. 60.000 euros ont été nécessaires pour mener cette opération de restauration.